Tuesday, November 02, 2010

Traction-brabant 25

Ah oui, moi j’aime ça le travail quand le réveil sonne tous les matins et qu’après je me caille mouille dans le brouillard sous les réverbères avant de passer une heure par jour dans les embouteillages.
Le travail ça me fait jouir quand je pense à toutes les nouvelles primes et déprimes qui arrivent.
Ah oui, moi j’aime ça l’travail quand j’ai pas le temps et que je cours dans tous les sens comme un zombie.
Le travail ça me fait roter de plaisir quand je sais plus où placer mes sous sous tellement j’ai plus le temps de les dépenser.
Ah oui, moi j’aime ça l’travail quand je dois jouer à la carpette dix heures par jour face à un chef incompétent.
Le travail ça me fait tressauter de joie quand je peux en foutre plein la vue à tous ceux qui sont trop feignants pour pouvoir gagner suffisamment de fric.
Ah oui, moi j’aime ça l’travail quand je m’engueule avec tout le monde, tellement j’ai été dressé à me prendre la tête durant toute la journée.
Le travail ça me fera toujours rêver quand une fois l’an pendant une semaine je m’endors sur des plages à bestiaux en me dorant la pilule avec les autres bestiaux.
Ah oui, moi j’aime ça l’travail quand je suis obligé de prendre des médicaments à cause de mon palpitant ou parce que ça boum-boum dans mon crâne.
Le travail ça me manque presque quand devant ma télé je vois les rentiers dépenser plein de fric dans du big naze.
Ah oui, moi j’aime ça l’travail quand je dors plus la nuit tellement je suis crevé et que j’ai de soucis.
Le travail ça me rend fort quand je passe enfin l’arme à gauche et que le curé et tous les fantômes me remercient d’une onctueuse extrême onction.

Pas à dire, le travail c’est pas la santé. Mais ne rien faire, c’est passer pour un beau blaireau : bon pour vivre sous terre.

P.M.

5 comments:

Anonymous said...

"rien ne sert d'être vivant le temps qu'on travaille"

André Breton

Anonymous said...

le travail c'est dégueulasse, les travailleurs baisent dedans

Fabrice

Anonymous said...

Portrait de ma semaine de travail


Lund mardi coups de pied au cul journaliers
Mercredi le cauchemar habituel
Jeudi l'enfer quotidien
Vendredi toujours vivant par lâcheté sûrement
Samedi dimanche au clapier -la carotte et
Rebelote

Fabrice

Thierry Roquet said...

Ah le travail!
Moi ce que j'aime dans le travail, c'st la répétition d'un même geste.
8h30 par jour.
Décrocher le téléphone, je peux te faire ça les yeux fermés, avec la bouche, en serrant les fesses, en levant le pied, j'adooore ça, décrocher le téléphone pour répondre à des clients, j'adooore les clients, j'adooore leur répondre, parce qu'il savent que je suis un pro du même geste. 8h30 par jour.

Très chouette ton édito.

Anonymous said...

Sur le travail, voilà ce que j'ai déjà écrit sur le blog de Thomas:Il y a toujours cet instant crispant, quand les victimes éprouvent de la sympathie pour leurs geôliers…Concernant le travail, c’est un peu pareil –quand les travailleurs, à genoux devant lui, se mettent brusquement à lui découvrir des vertus.
Il y a qu’à voir d’ailleurs, chaque fois que j’ai dégoté un boulot qui m’allait –comme écrire des poèmes, je n’ai jamais pu en vivre ! Du coup on te dit – écrire des poèmes, ce n’est pas du travail !
Alors au fur et à mesure des réflexions des uns et des autres, j’ai compris qu’un travail c’est avant tout ce que je n’aime pas faire ! Des contraintes, du chiant, de l’obligatoire, des horaires, des hordes de chefs et petits chefs. Le travail, c’est les prémices de la mort, ça te bouffe de partout comme les vers, les parasites.
Chaque fois que j’arrive au travail, je sens le couvercle du cercueil se rabattre sur ma tête !

La seule heure où mon corps est heureux, c’est pas un écrivain qui l’a débusquée –mais la grande Sheila : c’est l’heure de la sortie !

Fabrice

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