Sunday, December 20, 2020

De Nicolas Pain (extrait de T-B 81)

en hommage à Anna Akhmatova

Elle aime les parquets en chêne clair,
Tâchés de cire pendant les galas,
Les vestons brodés, les robes en taffetas,
Et tous ces regards sur sa gorge de verre.

Toi, tu sens bon comme le Liban et l’encens.
« La voici. Hâte-toi, ma bien-aimée. »
Ses escarpins effleurent notre entrée.
Elle est là. Tu trembles et ta joie t’étrangle.

Elle et toi, seuls pour la première fois.
La Belle Meunière tomba sur un lit de lettres.
Elle pianote. Elle chante aussi peut-être.
Crie-t-elle aussi parfois ? Tu t’en lasseras.

Je connais tes yeux soumis et suppliants.
Garde tes fourrures et tes soieries fines,
Je n’en veux pas. Rivalise-t-on avec Messaline ?
Offre plutôt à ta nouvelle petite oie ces brillants.

Quand ton bonheur te paraîtra vulgaire,
Que tes yeux gris brilleront pour ton épouse,
N’espère pas que je me jette à genoux
Sous les sabots de ton cheval blanc et fier.

Ce soir, je t’accompagnerai chez ta belle.
Ne reviens pas. Une vie simple recommence.
Plus de sanglots pour ta frénésie et tes silences.
Plus de mimosa brûlé par tes prunelles.

Lyon, mai 2018

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