Saturday, January 18, 2020

Incipits finissants (26)

Dans le cadre de la Dératisation Géniale des Poètes Publiés qui coûtent trop cher à la société, ces derniers ont été placés en maison de retraite, pudique terme servant à désigner l'asile à l'intérieur duquel ils macèrent pour le restant de leurs jours.

Bien sûr, il n'est pas ici question de mélanger les torchons avec les serviettes.

Dans le premier quartier des poètes internés se trouvent les nombreux auteurs de bluettes du dimanche. Les infirmières girondes les roulent l'été sur le perron de l'hp et les laissent pérorer au soleil qui est là avec un grand A. Ainsi, cela leur permet de continuer à sentir la violette, enfin, façon de parler. Bon, ces rimailleurs là ne sont pas dangereux, de toute façon.

Dans le deuxième cercle se classent les poètes de papier défraîchis. Comme ils n'ont jamais été heureux que dans les bibliothèques, voilà que ça tombe plutôt bien, car cette fois-ci, ce sont eux qui sont roulés sur les chariots. Et au sein de leur air confiné, ils ne risquent pas de connaître leur dépaysement.

Le troisième cercle est constitué par la chambre d'échos des p(o)ètes sonores. La direction de l'établissement qui ne brille pas par l'étendue de sa culture, n'a pas peiné à se convaincre de leur folie douce. En effet, à force de les voir communiquer par onomatopées, le grand Strumpf a ordonné : laissez les faire des bruits de bouche et ils seront heureux comme larrons en foire.

On raconte toutefois qu'il existe un quatrième cercle, le quartier de haute sécurité d'Abus Grossier, où les poètes les plus dangereux ont été largués en container. Ceux là sont les pires. C'est pour cette raison qu'ils ont été piégés à l'intérieur de cubes blanchâtres, coincés comme des rats derrière des tonnes de barbelés.

La différence avec les poètes sonores, c'est qu'eux gueulent par nécessité, parce que la vie ne leur a pas laissé le choix. Et vraiment, ce qu'ils disent est bien pire que vagin phallus testicules. La honte pour la démocratie !

Ils forment le poing G dans leur gueule des matons.

P.M.

No comments:

Traction-brabant 101

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelq...