Monday, June 13, 2011

Incipits finissants (3)

La poésie a été inventée au printemps par un adolescent de dix sept ans qui ressuscita par manque d’imagination une princesse au teint pâle.
Cette princesse attend son chevalier en haut d’une tour qui menace de s’écrouler dans un fossé de lierre. Et plus elle est amoureuse, plus elle chante sans le savoir les strophes de l’adolescent qui raccourcissent. Des strophes qui donnent le vertige au jeune poète perdu dans le sens des mots empilés comme des briques.
Il doit y avoir un secret pour que l’air toujours à cet endroit reste froid. La végétation est trop verte comme le sang est trop rouge. Peut-être le jeune homme parviendra t-il avant midi à s’emparer de la jeune fille prisonnière en un débris de tour. A peine y cache t-elle le blanc de son sein.
Avant midi, c’est un bien grand mot puisque le soleil couche derrière les arbres.
Enfin, la belle architecture se met en place. La princesse semble amoureuse ou déjà morte. Lorsque le jeune poète la prend dans ses bras, le mur s’écroule dans la neige, la seule à prétendre supprimer tous les mystères caduques. Puis il se retrouve avec une planche à repasser entre les mains.
Il ne rêve pas pourtant. Dans les galeries marchandes , on vend des personnes équivalentes mais il faut y mettre le prix, le lierre en moins.
Subsiste donc une strophe unique de cette poésie d’autrefois dans laquelle les mots ne peuvent s’écrire puisqu’ils s’affûtent à l’aube dans une clairière. Et ce n’est même pas grave qu’ils riment entre eux.
En attendant, quelqu’un a prévu de reconstruire le mur. Pourquoi ne faudrait-il pas toujours en revenir là ?

P.M.




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C'est la fin de Traction-brabant

Tout est expliqué dans le document ci-après (cliquer sur l'image pour davantage de lisibilité) :