Friday, May 19, 2023

Incipits finissants (103)

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelque chose, apprendre à vivre autrement, moins consommer, retrouver le goût de la simplicité, protéger la nature.

Tiens, c’est une bonne idée, ça. Moi, j’en veux bien, de la simplicité. Sauf qu’elle ne nous hante guère. C’est plutôt l’inverse. Faut admettre que la vie en ville a toujours été très compliquée. Je pense que ça découle des tonnes d’immeubles emboîtés les uns dans les autres. Ainsi, nos idées ne sont pas très claires. Elles se touchent pareil et provoquent des courts-circuits, si bien qu’on ne s’y retrouve plus avec nos pensées.

D’ailleurs, il n’y a pas que les immeubles qui se collent, il y a aussi les bagnoles. Qui a dit que les choses avaient changé ? Je n’en ai jamais vu autant que ces derniers temps. Si l’écologie infuse, c’est dans les pots d’échappement. Bien entendu, il existe de plus en plus de voitures électriques qui ne font pas beaucoup de bruit. Hélas, elles prennent autant de place que les autres autos. Ce qu’il ne faut pas faire pour chercher son salaire ! Et les pauvres vélos se sentent isolés au milieu de ces océans de tôle. Quant à nos écrans, ils sont bourrés de publicités ! On n’en sort, pas, de l’abondance.

Du coup, les alentours n’ont guère évolué depuis qu’on s’intéresse de nouveau à la nature. Et d’abord, je ne vois pas très bien ce que cette dernière vient faire dans ma vie. C’est pas grâce à elle que je vais la gagner ma croûte, moi ! Et encore, je suis pas contraint de parcourir des kilomètres pour me rendre à mon travail, comme celles et ceux qui vivent… à la campagne !

Bref, on n’y sera pas de sitôt, dans un monde plus respectueux de l’environnement. En fin de compte, est-ce que ça nous donne seulement envie ? À moins de me retrouver aussi nu que dans un jardin d’Éden, je ne distingue pas de solution à nos problèmes dans cette direction. En plus, à quoi me servirait le peu de fric que j’ai gagné s’il s’agit de n’acheter rien ? Il faut absolument que je puisse le dépenser dans des trucs qui ne ressemblent pas à la nature, sinon ça n’en vaut pas la peine. Heureusement : il y a les investissements durables ! Grâce à eux, notre avenir promet donc d’être aussi bondé que notre présent, rempli de trucs qui nous sépareront de nous-mêmes comme avant.

Si malgré tout on veut atteindre direct la simplicité, sans doute faudra-t-il en passer par quelques désastres très violents, au sein d’une nature en cendres.        
 
P.M.

Numéro 103 de "Traction-brabant"


Le numéro 103 de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Présentation

"TRACTION-BRABANT" (alias T-B pour les intimes) est un fanzine d'écriture, de poésie et autres textes courts, créé en janvier 2004 par Patrice MALTAVERNE (conception, écriture, choix et mise en page des textes) et Patrice VIGUES (illustrations).

"TRACTION-BRABANT" existe aussi et surtout sous sa version papier à une cent soixante-dizaine d'exemplaires par numéro. Le poézine est à parution aléatoire, quoique... si tous les deux trois mois, les combattants sont en forme, un nouveau numéro sort de leur tanière.

"TRACTION-BRABANT", aujourd'hui publié par l'association Le Citron Gare, ne demande aucune subvention, le poézine a juste pour but de faire circuler à son modeste niveau une poésie pas trop classique ni trop molle surtout, ainsi que de véhiculer certaines pistes de réflexion, sans pour autant qu'il ne soit tranché dans le vif.

Plus précisément, à l'origine, TRACTION-BRABANT est la contraction de traction avant, l'auto et de brabant double, la charrue à double soc. Cela montre avant tout notre nostalgie pour ces vieux objets mécaniques ainsi que notre méfiance par rapport à un progrès non mesuré...

Les auteurs (poètes, illustrateurs) présents dans "TRACTION-BRABANT" sont plus de cinq cents, d'après les dernières stats.

Ce blog a pour but de reproduire des extraits du zine sous sa version papier et de faire connaître davantage ce que nous faisons....

"TRACTION-BRABANT" s'efforce d'encourager ses participants à des échanges de textes et d'idées et pourquoi pas à de possibles rencontres.

S'il vous plait, n'envoyez jamais plus de 10 pages format A4 (en un seul fichier et format Open office ou Word, de préférence) si vous contactez le poézine. 

À l'inverse, jusqu'à preuve du contraire, et contrairement à la majorité des revues de poésie d'aujourd'hui, aucune thématique n'est imposée dans "TRACTION-BRABANT". C'est la liberté chère au poète (du moins, je le crois) qui prime, et puis aussi, cette certitude que le poète peut trouver lui-même de quoi il a envie de parler quand il écrit…

P.M.

Contact pour l'association Le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Familles


De Lucie Roger (extrait de T-B 103)

En cavale immobile
 
Les feuilles d’automne lourdes des souvenirs
de l’été, mais aussi du temps
Lointains, enfouis aux racines de ma mémoire
Tournent au vent, tournent et tombent
Sans être emportées. Ces souvenirs
Aussi nombreux que vous êtes en moi,
drus, ne me quittent pas
Et je cherche
En un instant somnolent
la fuite.
En cavale immobile
Je m’évade…
 
Vieilles, séchées les feuilles perdent
au sol leur substance, leur chair
Mais gardent infiniment squelette
délicat, dentelle végétale
ajourée pour laisser place
Aux douleurs passées
Prenant vie à nouveau
Dans les interstices et les vides
des cadavres de cicatrices
tombées. Que je croyais
disparues.
Réminiscence.
En vain, la fuite,
En vain ma fuite.
Cette cavale immobile
d’instants lacuneux
Évasion illusoire….
 
L’eau ! Pluie, ruisseau, torrent
Que partent ces feuilles
Que me quittent enfin ces vestiges
Incommensurables.
Béantes plaies
Dérivez, flétrissures du temps !
Au-delà des meurtrissures intimes.
 

Pourquoi votre cours
Trouve sa source en mes yeux ?
Pourquoi votre lit
Sur mes joues s’est creusé ?
Pourquoi ici ce torrent vous emporte ?
Vous imprime,
Fossilisent ma peau
Des stigmates épreuves, malheurs, déchirures ?
Ma cavale immobile
Un instant impossible
Inutile cavale !
Ne se sème pas soi-même.
 

Grandes sont les peines
Que rien n’effacent
Quand aime le cœur !
Grandes sont les peines
Qui coulent dans les veines
Comme la sève jusqu’aux feuilles.
Futile la fuite,
La cavale de soi toujours immobile
Insoluble, inextricable,
Vertigineuse. Et chaque automne
 
Mortes pourtant elles tombent.
Comme autant de souvenirs
autant de souffrances
Indélébiles
Aussi nombreux que vous êtes en moi,
Qui de cavales immobiles en fuites absurdes
Jamais ne me laissent paisible.

Libr-critique

Sous-titré "la littérature dans tous ses états", "Libr-critique" est un site d'actualités littéraires, dans lequel sont publiés textes de réflexions, chroniques de livres de poésie et autres actualités littéraires.

Attention, autant vous prévenir, c'est du sérieux, ce site. Ça réflexionne. En même temps, le lien du site est t-pas-net.com.

C'est vrai que quand on s'intéresse surtout à la littérature en 2023, je sais pas ce que vous en pensez, mais c'est qu'on est pas très net...Libre critique, c'est ici.

Beau gamin ça de Patrice VIGUES


Malta compil 1993 : "L'invitation" (avec lecteur mp3)

Et voici un poème (ah tiens on aurait plutôt cru à une recette de beignets farcis) datant de 1993 et qui s'appelle "L'invitation"....
La musique s'intitule "Understanding is obsolete" et a été composée par le groupe d'electro "Selfmademusic". Elle est importée de Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/

C'est pourtant vrai que vouloir comprendre est totalement démodé !

L'invitation

L'aun cherche à conduire l'autre
Vers ce qu'il sait
Mais à travers nos vertiges
Les saisons cassent la course

Lorsque l'arbre se dénude
Nous sommes plus près de renoncer

Dans le miroir que nous regardons
Malgré le dégoût
Seuls des visages d'une mélancolie inexplicable
Survivent à la rareté du portrait

En ces lieux de découverte intérieure
Un coeur s'affiche proéminent
Comme un tournesol de papier
Mais qui a le sourire placé si haut
Que nous oublions sa naissance

Et toi tu réapparais
Sur le front toujours ouvert
Des poèmes et du hasard surpris
Pour le début d'une étreinte

De Luc Marsal (extrait de T-B 103)

EN MINUSCULE
 
Je l’ai vu s’échouer
sur le bas-côté de la vie
sur la bande d’arrêt d’urgence
en panne de sens
 
Avec ses yeux buvards
elle était triste
comme un dimanche soir
 
Elle avait choisi
le côté obscur de la farce
comme si elle avait perdu
aux poings
 
Elle écrivait sa vie
en minuscule

c’était une sous-vivante

Image de Pierre Vella et en son hommage


De Karen Cayrat (extrait de T-B 103)

Exil éristique
derrière les ecchymoses
que nos nuits retiennent
-fissures ouvertes sur
les souvenirs qui nous hantent
 
///
 
 
N'être que le vent
qui s'abîme dans l'horizon
-impalpable origami
d'émotions en fuite
cognant contre les
vaisseaux des nuits
 
///
 
 
Faire surgir des ressacs
les silences enfouis
consignés béton
dans les vagues de demain
avant la marée
 
///
 
 
les illusions drageonnent
derrière l'aube qui s'ancre
au loin du regard
l'amertume de celui
qui se noie sincère
 
///
 
 
Le mistral se mêle
à ce que tu laisses
derrière toi et te pousse
au loin, les frontières
sous les eaux
restent invisibles
 
///
 
 
Délaminer les blessures
inscrites au creux des eaux
tandis que l’écho
s’échancre ne reste
que ton visage défait

Portrait 3 : illustration de Henri Cachau


Pour en savoir plus, contact : henricachau@free.fr

De Sarah Intili (extrait de T-B 103)

Le jour d'hiver s’installait en délicates 
traînées de rose et de bleu
 
Elles s’attardaient depuis longtemps - 
elles possédaient une sorte d’âge
 
L'or et le gris, réverbérés par un souvenir
de froid, isolés derrière l’horizon des toits
 
Surprenants dans ce lieu de relégation à 
l’autre bout de l'ouvert
 
La présence d'un miracle advenu, peut-
être encore à conquérir
 
Le silence poursuivait la retraite de la
nuit, pesant sa réticence au passage
 
Une nostalgie - toujours au bord de l’aveu
 
Quelque chose attendait d’être rejoint
 
Le monde avait pris le temps de 
m’écouter

Traction-brabant 103

Je comprends pas les poètes qui se plaignent qu’on ne sait pas qu’ils existent et puis, partant de là, qu’on n’achète pas assez leurs œuvres.

Pas moi, au contraire ! Qu’est-ce que je suis content depuis que j’ai intégré ce créneau ! C’est merveilleux, ça n’intéresse personne autour de moi ! Du coup, quelle tranquillité ! Pas de concurrence immédiate. Et aucune obligation de résultat. Je peux écrire un poème foireux : personne pour s’en rendre compte. C’est même beaucoup mieux que de pondre des textes géniaux que nul ne lira ! Une telle perspective me rendrait malade !

D’ailleurs, si j’arrête la poésie du jour au lendemain, eh bien… j’arrête la poésie du jour au lendemain. Mon éditeur ne me menace de rien. Et lorsque je publie un livre, c’est à peu de choses près pareil. Trente-cinq ans que ça dure !

Tandis que si je m’étais lancé dans l’immobilier, la bagnole, le bricolage ou la cuisine, je n’aurais pas pu mettre le nez dehors sans qu’on me pose une tonne de questions. Grâce à mes poèmes, je suis parfaitement peinard. Merci à eux !

Pire encore : si j’étais devenu un pro du football ou du cinéma, je vous dis pas la pression subie. J’aurais été obligé de surveiller la moindre de mes déclarations publiques. Psychologiquement, il faut bien l’avouer, je n’aurais pu gérer le succès. Trop fragile ! Tandis que là, rien à déclarer. Qu’est-ce que c’est cool ! Exactement ce qu’il me fallait !

Je comprends pas les poètes. Ils souhaitent qu’on leur fiche la paix et en même temps, ils adoreraient qu’on les aime. Mais faudrait voir à choisir entre ces deux incompatibilités. Ou alors, c’est comme vouloir le beurre, l’argent du beurre et la crémière par-dessus le marché !

Allez poètes ! Mesurez plutôt votre chance à la quantité d’emmerdements auxquels vous échappez ! La poésie, voilà le meilleur choix de toute une vie pour qui veut passer sous les radars.

Et mon petit nez me dit que ça ne changera pas de sitôt. Même si la révolution débarque : on n’aura plus besoin de nous, les poètes !

Nous sommes hyper-protégés par l’indifférence, alors de quoi se plaint-on ? Cette forme de liberté est la seule à perdurer dans notre société.      

P.M.                                                  

Les petites revues

"Les petites revues" est un blog que j'ai trouvé d'emblée original. Il recense les "petites revues" parues de 1880 à aujourd'hui. L'occasion de découvrir un véritable cimetière de publications anciennes, avec certainement cités dedans, des noms qui ne vous diront rien : une belle leçon d'humilité. 

Et en même temps, une base de recherches pour les collectionneurs de raretés.

Voici donc "Les petites revues" (pas forcément parisiennes, mais ça aide).


Saturday, May 13, 2023

De Christophe Vixouze (extrait de T-B 103)

 
Va délivrer ta langue et souffler dans la mémoire ↺qui bascule dans l’alcootest Là tu iras l’esprit gravé sous les cromlech d’une histoire à une autre et scellé par le siècle Va ! Rien qu’une piste à suivre juste une féerie ! De plus ou moins long terme au cristal de patience D’espace en escape Va pour t’y agenouiller
 
Tout s’efface Les croix de cuivre, la fleur de givre, à l’effusion d’un sang intégré à tes yeux Fleur de livre, croix de vivre ⍏On les pense de toute époque et putréfiés d’histoire à l’effroi de ta peau nue sur l’asphalte Un courant d’air de rien autre que la main Tout s’efface, le bruit des pas dans ta voix
 
Croyais-tu au grincement des portes fermées ? Il pleut des larmes sismiques░sur le verrou des circonstances░et s’il faut combiner l’amour d’avec la mort, quel effet dans ton âme ? Il n’y a pas d’abonné à cette adresse et l’undelivered message culmine en stratagème Croyais-tu au firmament par-delà ce mur ?
 
Tu verras des igloos se former sur la vasque interne à tes rêveries Ce soir • il pleut du linceul ••• Rien ni paraître
 
Ainsi ont-ils vécus le temps de ⍈500 mètres ces vers inopportuns gagnés à l’éphémère C’est la magie des ondes couplées de fausses manip L’hélico sur la plaine survolait nos dérives J’ai vu les wagons bleus des cervelles héroïques éreintant la pensée zoo-normes européennes, étaler sur la toile leurs ébats ‘webatiques’ jusqu’à perdre la notion du geste mélodique
 
Des pensées polymorphes peuplent la forêt Tu irais cogiter des idées sous l’écorce et les heures accoudées au comptoir du café vacillent sous l’usure des semelles en kevlar )pour un verre étiolé de luxure et d’idole( C’est pas que l’on s’ennuie mais on dirait qu’il °goutte° au fond de ta mémoire enracinée d°⁰°alcool
 
Pourras-tu à jamais étrangler ton regard ? A n’y croiser que du vent d’autan périssable, c’est l’⇠espace enrayé au salut de nulle part, un étrange manège entaché sans mémoire
 
Tu verrais l’idiotie du monde plus dense que des trous noirs, de celle qui freine l’élan des hautes aspirations Tu verrais sourdre des murs les reliefs )aux sons plaqués d’harmonies liquéfiées( Il pleut dessus la caisse et les doigts se ‘répandЯent’ en vibrantes réponses Connais-tu l’heure et le moment ? De qui s’en vont Clore à la vie, tutoyer l’astragale Tu diras le bonjour à ceux qui te voient
 
Par quel moyen gérer l’absence et l’incolore ? La foi est un terreau ◌miné◌ par l’absolu pour qui rame à l’envers et la course se gagne )qu’un plausible élagage embrase ta cervelle(

Wednesday, May 10, 2023

Incipits finissants (76)

Étant un bon élève, j'ai appris qu'il vaut mieux être édité à compte d'éditeur plutôt qu'à compte d'auteur, voire, même, que de pratiquer l'auto-édition.

En effet, je ne suis pas sans savoir que dans une fausse édition, tous les frais sont pour ma pomme, y compris le salaire de l'éditeur. Alors que dans une vraie édition, je touche des droits d'auteur. Non ! J'rigole !

Étant bien élevé, je me disais donc, qu'à travers la publication d'une revue et de livres de poésie, je pouvais mettre en avant les textes d'autres personnes avant les miens.
Ainsi, je jonglais entre les identités d'auteur et d'éditeur, planquant l'auteur derrière l'éditeur.

C'était jusqu'au jour où, désirant participer à un salon du livre, il me fut répondu qu'il fallait que je sois Dieu l'auteur, et, en aucun cas, la petite main de l'éditeur. Ce qui ne me posait pas de problème, puisque, par chance, j'étais également édité par d'autres personnes.

Mais non, ce n'était pas la bonne méthode. Tout cela était trop compliqué. Je devais être auteur à n'importe quel prix. Même en auto-édition, même à compte d'auteur. La condition essentielle était que je sois du coin, car cela me permettrait de ne pas être absent, et surtout, de me déplacer sans frais, ou presque.

J'entends encore l’organisateur me dire : si vous vendez vos propres livres, c'est tout bénéf. Tandis que si vous êtes éditeur, vous allez vendre des textes de personnes qui ne sont pas là. Si ça se trouve, ces gens-là n'existent pas. Carrément nul ! Sinon, trouvez-moi un auteur à éditer qui vive dans un rayon de cinquante kilomètres.

- Tout de même, les textes de celles et ceux que j'édite ont un contenu. C'est pas n'importe quoi, enfin, je pense.
- Mais non, voyons, c'est votre gueule ou celle de votre auteur qui compte. Même pas connue, elle est mise à prix dans un salon. Vous êtes des singes dans leur cage qui valez de l'or. Encore que, dans votre cas, vos gueules sont juste cotées cinquante Euros par jour. Ce qui est toujours mieux que rien.

Depuis, étant passé de la déférence à l'expérience, j'ai fait éditer par un pote d'ici mes mémoires d'orang-outang, avant de pouvoir participer au festival des Rillettes de Lascaux. Et l'année prochaine, on inversera les rôles et les chaises, histoire de prouver que nos visages se vendent mieux que nos livres.           

P.M.

Sunday, May 07, 2023

Calavera de Cathy Garcia



Et pour en savoir plus sur les illustrations, la revue et les textes de Cathy Garcia, je vous propose de leur rendre visite :

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
http://imagesducausse.hautetfort.com/
http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/
http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

De Valérie Canat de Chizy (extrait de T-B 56)

J’exerce mon esprit d’analyse
pour ne pas tomber dans les pièges
tendus par les autres
leurs beaux mots
leur évidente vérité
je trace mon chemin
à coups de faux
je débroussaille les grandes herbes
mes bottes s’enfoncent dans des flaques
de boue je n’aime pas
leurs sentiers tout tracés.

Thursday, May 04, 2023

Traction-brabant 85

Encore deux, trois poètes et je n’aurai plus personne à publier au Citron Gare. J’ai bientôt fini mon boulot, je vais pouvoir tout remballer. Être en retraite à 50 ans ! Cool !
Oui, je sais, il n’y en a pas beaucoup qui peuvent se vanter d’un tel exploit. Mais vous n’avez pas rêvé. Moi, j’ai réussi là où tous les autres éditeurs ont échoué.

- Bon sang, tu déconnes, Malta ! Tu vas pas nous faire croire qu’il n’y a qu’une quinzaine de poètes à éditer aujourd’hui ? Toi qui dis qu’on est 67 Millions de poètes en France, tu te contredirais pas des fois ?
- Oui, je sais, mais, pour moi, un très bon poète, c’est plus qu’une personne qui écrit très bien, c’est une personne dont l’écriture me fait frissonner de plaisir. C’est pas du tout la même chose. C’est carrément physique, tu comprends. En même temps, si c’est mal tourné, ça me fera rien ! Actuellement, il y en a deux trois nouveaux poètes par an qui arrivent à produire cette impression sur moi…pendant quelques instants. Et encore, il peut y en avoir moins !...
- Bon d’accord, on a compris. Ça en élimine déjà pas mal, sauf que restent encore plus de 15 ou 20 poètes sur 67 millions…
- Oui c’est vrai, j’ai oublié de préciser qu’un poète que je souhaite éditer est quelqu’un qui n’est pas déjà édité 3 ou 4 fois par an. Comme par hasard, ce sont justement ces personnes qui sont publiées en priorité. L’édition, pourtant, comme la potion magique, ça devrait faire de l’effet un certain temps, sinon, c’est que ça sert à rien.
- Soit, mais on est encore loin du compte…
- Sauf que j’ai pas tout déclaré. Un poète que je souhaite éditer, c’est quelqu’un qui est capable de continuer à être passionné par la poésie des autres, même quand lui-même n’est pas publié… c’est quelqu’un qui peut me citer d’autres poètes qu’il lit, qui kiffe leur style, même s’il est pas pareil que le sien !...
- Ah, parce qu’en plus de très bien écrire, de procurer des frissons de plaisir à Malta, de pas beaucoup publier, il faut encore s’intéresser à ce que font les autres ! Celle-là, on me l’avait jamais encore faite ! C’est comme de manger les plats qu’on n’a pas cuisinés ! De rouler dans les bagnoles qu’on n’a pas vendues ! Oh là là ! Ça devient trop compliqué là ! J’arrête tout de suite la poésie ! Je savais pas qu’il fallait l’aimer pour en écrire. Je préfère la gonflette, du coup ! Ça va me rapporter davantage ! Pas de temps à perdre avec des bêtises !
- Oui, finalement, t’as raison. Y a même pas 15 ou 20 personnes qui rentrent dans les critères. Au Citron Gare, on est plus sévère que chez Gallimard !     
P.M.

Incipits finissants (103)

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelq...