Sunday, January 03, 2016

Traction-brabant 21

Nous sommes obligés de reconnaître que dans notre société qui écrit beaucoup et lit peu, nos textes perdent toute valeur autre que relative. Si j’entends untel dire : j’ai pondu un super poème qui dégomme je réponds : c’est bien mon gars mais il dégomme quoi ton beau poème ? Est-ce qu’il aspire les toiles d’araignée de ta chambre d’hauteur ou les litres de ta bière en vidéo ?
L’erreur consisterait toutefois à négliger ces manifestations de l’esprit d’autant plus que toute la production, eh oui, la production intellectuelle digne de ce nom, devrait se résumer à n’être qu’un seul cri de révolte contre l’ordre impur.
Alors quoi ? Doit-on foutre nos putains de lignes dans des enseignes lumineuses ? Non, car l’idée a été récupérée par les amoureux transis des néons et puis ça n’a jamais fait de mal à personne.
Il y a bien alors la solution virus informatique mais là, les auteurs risquent d’être touchés en priorité. A force d’écrire des torpilles qui opèrent en eaux troubles, faut se méfier de l’effet boomerang.
Alors je pense que peut-être…- vous me direz si c’est une bonne idée - Il s’agirait de prendre par surprise les humains les plus insensibles et de leur imprimer sur le corps au fer rouge toutes les formules qui tuent. Bon ceci dit, je vois se pointer à l’horizon la loi votée par notre parlement et qui réprime avec ferveur cet excès de zèle impardonnable quand il menace la paix du fric.
Mais pardi, sans violence, nous pourrions également, puisque plein de signes s’y tatouent déjà, sensibiliser les corps des jeunes et moins jeunes à une belle histoire de look. Rien de plus facile que de lancer une mode.
J’imagine la scène : sous son air de jeune fille bourgeoise friquée, elle a mon texte sur la fesse droite. Je l’ignore, ce qui ne pose pas problème puisque la formule, une fois inscrite au plus profond de sa chair, est devenue indélébile, et à moins de tenter l’ablation, les mots seront toujours là. Ma foi, pourquoi pas, comme le monde paraît assez débile/indélébile…

P.M.

5 comments:

Anonymous said...

PROPULSION RIANT

Les formules ne tuent
Que des futurs cadavres
Et graver des barreaux
De prison sur un cul
N'a jamais fait bander un chameau
Les litres de ma bière
Sont autant de linceuls
Que la mer a ôtés
Du manteau de varech
Pour en faire un javelot
A la virilité manifeste
Plantée dans une vulve ouverte

Anonymous said...

Tu le crois, tu le crois pas, mais les phrases cinglantes, les formules qui tuent, j'en ai plus. je pue. Je suis foutu. Mais j'écris encore, c'est déjà ça, et c'est un peu mieux que rien. En fait plus je lis, plus je suis mauvais écrivain. C'est con hein?

J'ai du mal à trouver les formules sans les bites couilles merde salope habituels. Je crois que c'est devenu ma littérature classique. Quelque chose du genre. Genre qui dit quelque chose, mais qui ne raconte pas grand-chose.

Enfin si tu as compris, c'est déjà ça. Faudrait que je t'envoie des textes avant de réussir un suicide quelconque...

Andy Vérol

Anonymous said...

J'ai écrit un beau poème de plus mais voilà je ne parviens plus à mettre la main dessus…C'est dommage pour une fois je l'avais lu (habituellement j'évite de lire ce que j'écris, ça m'éblouit) ma vie en était totalement chamboulée…Impossible pourtant de m'en souvenir ( et même, c'est dire, de me le rappeler). Je l'aurais bien vu dans un Traction Brabant –le Louvre des poèmes ou mieux, les Lèvres des poèmes mais voilà ce poème n'est plus sur le bout de ma langue, le monde va devoir continuer de tourner comme si ma poésie n'existait pas, un comble pour le plus beau poème du monde.

Fabrice

Anonymous said...

J’ai reçu le 21 comme la DS et la paie…Y a même un courrier des lecteurs maintenant(il est questions d’abonné(e)s avec des gros tétons qui se déshabillent) . Rick qui a la fritte , un truc pour échanger nos invendus , qu’une moitié de page, étrange, j’ai un quinze tonnes à proposer ( ceux qui veulent ramasser mes livres les trouveront dans toutes les déchetteries qui respectent les normes IT , les bonnes déchetteries quoi) et Fadila Baha qui a vu un coyote bleu avec un petit pois (sur le coup ça m’a chauffé le front, j’ai cru qu’elle parlait de moi) … Bon , comme disent les critiques un numéro à lire d’urgence d’autant que c’est déjà le 22 et qu’ils arrivent après la bataille.
Ha ! si…Merci à Patrice pour sa longue lettre sur l’enveloppe , je résume ici : salut !

Fabriche (poète Alsacien ruiné après une guerre )

Jan Bardeau said...

Salut Patrice, toute la question de graver des poèmes qui tuent au fer rouge est de savoir qui tuera le plus du poème ou du fer rouge. Quant aux fesses des bourgeoises, ce Graal, cet inaccessible Éden, seules quelques esthéticiennes pourraient en révéler les mystères, tous les mystères.

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