C’est vraiment bizarre ce
qui m’arrive. Quand je regarde sur Internet le programme des
maisons de la poésie (vitrine officielle de la poésie d’aujourd’hui), j’y
trouve plein de trucs : de la musique avant toute chose (classique, jazz,
flamenco, etc), du théâtre, des jeux de lumière, des danses, en résumé, une
véritable scénographie. Et puis aussi, en arrière-plan, des luttes politiques
ou sociales : par exemple, la survivance d’une langue bâillonnée dans un
pays en guerre, le féminisme aussi, et bien sûr, l’éco responsabilité, Tout
cela est très bien. J’y reconnais par ailleurs plusieurs genres
littéraires : le roman d’abord. La chanson également. Enfin, tout ce qui
compose de près ou de loin la culture. Comme le bric-à-brac d’un supermarché de
l’immatériel.
J’y vois tout, sauf… de la poésie ! Ou alors, dans les interstices
supposés, entre les mailles du filet. Bref, voici la poésie embarquée en
clandestinité dans les cales d’une maison de la poésie.
Est-ce que c’est grave Docteur ? Rassurez-moi ou inquiétez-moi plutôt.
Je suis peut-être atteint d’un daltonisme poétique, qui aboutit à ce que je ne
distingue plus les exactes couleurs.
Bon, c’est vrai. La poésie est partout. On l’a beaucoup dit ces dernières
années. Soit. Mais tout de même, n’ai-je pas le droit de la rechercher encore
dans des poèmes, non ?
Quand j’ouvre une boite de conserve avec marqué dessus macédoine, à
l’intérieur, je n’y découvre pas des sardines. Alors forcément, je suis tout
heureux du miracle des évidences. Dans une boite de macédoine, il y a de la
macédoine. Je ne suis pas bien malin, c’est vrai, mais pour la poésie, je
voudrais que ça soit pareil, quand je lis « Maison de la poésie »,
j’aurais envie d’y voir plein de poésie, parce que tout simplement, j’aime ça.
Vous savez, ces textes qui se présentent visuellement avec des vers et que l’on
peut réciter,
Alors oui, j’avoue ma déception. En même temps, ce qui me fait rager, c’est
que je passe à coup sûr à côté de découvertes intéressantes qui seraient pour
moi de la vraie poésie, manquant de temps pour aller vérifier ce qu’il y a
derrière...
Bon sang, mais est-ce que la poésie ne serait pas déjà devenue l’ultime
tabou de notre société qui n’arrête pourtant pas d’en lever tous les jours ?
S’agirait-il d’une honte encore plus grande que celle qui touche aux pratiques
sexuelles ?
Pour provoquer le monde entier et se faire enfermer comme dans une dictature, ne faut-il pas d’ores et déjà clamer haut et fort que l’on aime ces vers que l’on se récite en temps de guerre intérieure ou totale et qui changent nos vies ?
P.M.
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