Pour une fois, je partirai d'une de mes lectures : « Anthologie –manifeste, Habiter poétiquement le monde »[1].
Ce volume constitue la
réunion de textes plus ou moins théoriques sur le thème du fameux « Habiter poétiquement le monde »,
emprunté au poète Hölderlin, très à la mode en ce moment, qui sont ici réunis
par Frédéric Brun. Beau cadeau qui m’a été offert pour mes 50 ans, ce livre
recèle d’intéressantes contributions sur ce qu’est vivre en poésie :
possibilités, projections, difficultés. S’expriment des poètes, ainsi que des
romanciers, des scientifiques, français ou non.
Si les textes publiés ici remontent
au début du 19e siècle, j’ai cherché naturellement un écho à mes
préoccupations, impatient de savoir ce que racontent mes contemporains.
Eh bien, c’est là que j’ai
été déçu. Je ne m’attendais certes pas à des révélations fracassantes, mais
j’espérais quelques visions solidaires.
Hélas, à quelques
exceptions près, bien sûr (Butor, Jouffroy, Bonnefoy, Cheng), mes vrais copains
de cette anthologie au 20e siècle sont Saint-Exupéry et Romain Gary
(plutôt des hommes d’action), morts depuis belle lurette.
C’est que, parmi les poètes
d’aujourd’hui, se trouvent bon nombre de philosophes. Or, qu’est-ce que vient
foutre la philosophie dans la poésie ? Cette dernière est assez grande –
me semble-t-il – pour exprimer sa vérité toute seule. Car ces spécialistes,
pour l’évoquer, ont recours à des concepts, alors qu’ils devraient parler des
choses de la vie. Ça serait moins compliqué et plus efficace, je pense. Ce
faisant, ces philosophes ne m’ont guère encouragé dans cette voie d’« Habiter poétiquement le monde »,
eux qui atténuent par des généralités la réalité des choses dans lesquelles se
débat la poésie. C’est bizarre d’avoir des contemporains si peu concernés par
les problèmes qui pourtant la provoquent.
Pour trouver des vrais complices, je vais donc être obligé de relire des vieux morts, qui n’ont connu, ni Internet, ni le réchauffement climatique, ni la Covid !
P.M.
1] Livre publié par les Editions Poesis, 24 €
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