Autrices auteurs qui n’écrivez pas depuis longtemps, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Passées vos premières publications en revues, vous
craindrez peut-être la panne d’inspiration. Car c’est vrai. Au début,
l’écriture relève plutôt du miracle. Comme si l’on apprenait une nouvelle fois
à marcher. D’ailleurs, vos premiers poèmes ont connu un accouchement difficile.
Vous les avez accueillis avec beaucoup de bonheur, précisément pour cette
raison. Il s’agissait là d’une victoire remportée sur le blanc de la page. Et
vous n’avez pas rêvé. Le résultat est là. Du coup, vous avez peur qu’il ne se reproduise
pas, tel le rocher de Sisyphe trop lourd à remonter sur sa pente, Surtout que
quelque chose d’important pour vous s’est exprimé qui, en principe, n’a plus à
être répété.
Cette interrogation vous effraie puisqu’alors, le
doute, en se renforçant, pourrait finir par bloquer votre imagination.
Eh bien ! La bonne nouvelle, c’est que vous
écrirez toujours. Je veux dire par là que vous écrirez de nouveau. Je vous le
jure sur le capot de ma bonne vieille « Traction-brabant ». Bien
entendu, je n’ai pas prétendu que vous alliez écrire tous les jours. Par
exemple, si un malheur vous tombe dessus, vous n’aurez sans doute plus la force
de continuer à poétiser. Et puis, il vous arrivera d’avoir autre chose à faire.
Cependant, pas de doute : votre muse ne vous
lâchera pas. C’est elle vous tient, et non l’inverse. Donc, vous pouvez lui
faire confiance, grâce à cette alchimie de l’inspiration qui en profitera pour
s’estomper avec le temps.
Et voici la mauvaise nouvelle. Ce n’est pas parce que
vous écrivez que vos poèmes existeront aux yeux et aux oreilles des autres.
Croyez-en un vieux briscard dont les dents se cassent régulièrement sur le
manque d’originalité de ses mots.
À force d’habitude, en effet, l’écriture passe dans
les gestes. Ainsi, les mêmes pensées automatiques ont tendance à être couchées
sur le papier. Or, vos textes seront-ils pour autant nécessaires ? Dans la
majorité des cas, non, même pour vous, qui vous vous illusionnez sur leur
compte. Vous vous ferez plaisir et c’est tout. Vous me répondrez : rien de
grave. Oui, bien sûr, il faut y croire. Hélas, êtes-vous si certains de pouvoir
écrire tout le restant de votre existence, sans que cela touche une autre
personne ? Et êtes-vous si certain(e)s qu’il s’agisse d’une injustice,
quand on voit chaque jour une tonne de personnes qui se proclament autrices
auteurs ?
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