Ah !
L’écriture ! Quelle bagarre ! En résumé : il y a tellement
d’écrivains qu’il y a plus de personnes qui écrivent que de personnes qui
n’écrivent pas. Le problème que les personnes qui écrivent ou n’écrivent pas ne
lisent pas les autres personnes qui écrivent, sauf une : elles-mêmes. Vous
me suivez ?
Qu’importe !
L’essentiel, c’est de savoir sauter sur toutes les occasions qui se présentent.
Dans cet hôtel étaient exposées des peintures. S’y trouvaient également une
salle commune et donc un potentiel public captif. Alors, je me suis dit :
pourquoi pas moi ? Ni une, ni deux : J’offris mes services en tant
que lecteur de mes œuvres, style veillée des chaumières. Vous voyez le
topo ? Bon, j’aurais dû m’en douter. En dépit du sérieux de ma
proposition, le patron fit une moue dubitative. Je réussis à le convaincre,
cependant, de me laisser interpréter des extraits d’« Amour, sexe et
condensation ». Au final, sur un public de cinq personnes, trois
s’endormirent avant la fin de ma prestation qui ne dura que deux heures.
C’était la fin du monde ! Je n’émergeai plus de ma chambre pendant
quelques jours, quand, me baladant en ville, j’avisai que des récitals étaient
donnés dans une église désaffectée.
Le dimanche
d’après, cette gentille dame, qui jouait de l’harmonium, accepta d’accompagner
la litanie de mes poèmes de jeunesse, extraits de « Mourir
demain ». Las ! Ma poésie n’était pas assez gaie et ne contenait
que des vers libres. Je m’attirais donc les reproches acides de paroissiens, au
demeurant très dignes. C’était la fin du monde ! …
Je ne sortis
plus de ma piaule durant trois mois. Mais le phénix renaquît de ses
cendres ! Ayant repéré des poèmes géométriques dans la vitrine d’une
galerie cubiste, je changeai de style : Enfin, des pros ! … Ils
accueilleraient mes œuvres comme ces dernières le méritaient. Si bien que des
poèmes de ma composition, en forme de triangles de signalisation, et intitulés « Panneaux
d’inexistence », furent affichés dans des rectangles d’herbe. J’étais
à donf. Seulement, voilà, au terme d’une performance endiablée, malgré les
applaudissements polis du public, il y eut zéro ventes…C’était la fin du
monde ! L’espèce humaine ne vaut pas que je m’intéresse à elle. De
nouveau, quelques mois de réclusion passionnelle jusqu’au jour où, de passage
devant une librairie, ce 1er septembre, j’eus la révélation du
siècle : bientôt la rentrée littéraire ! Cette fois-ci, je sens que c’est
la bonne !
P.M.
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