Friday, July 12, 2024

C'est la fin de Traction-brabant

Tout est expliqué dans le document ci-après (cliquer sur l'image pour davantage de lisibilité) :



Incipits finissants (109)


Cela faisait longtemps que la « Traction-brabant » broutait du goudron. Les autoroutes coûtant cher, il fallait démolir leurs jolis nids d’asphalte. Cependant, la T-B ressemblait à un dinosaure machiné par quelques poètes qui la remplissaient d’ordinaire. Un moment, même, elle pensa attirer l’attention d’autres personnes. Mais presque simultanément, la vieille charrue à propulser comprit qu’elle retournait les voies express d’un monde parallèle demeurant invisible à la plupart des êtres, certains auteurs exceptés. Une sorte d’itinéraire bis de forme circulaire.
Du coup, elle continua son travail de sape sans se poser davantage de questions, telle une termitière discrète de nuit. Sauf que l’assemblage de la « Traction-brabant » se désintégra peu à peu. Souvenez-vous : la Traction-avant est une automobile de 1934 et le brabant double a été remplacé par le tracteur depuis belle lurette.
Bref, tout ça n’était, au départ, que de la récupération. Et au fil du temps, malgré toutes sortes de rafistolages (mettre de l’huile dans les rouages avec une burette, repeindre régulièrement à l’antirouille, épaissir les soudures au chalumeau), le tandem contre nature se distendit.
De plus, le conducteur de la T-B, atteint de presbytie, ne put descendre suffisamment profond dans les liaisons entre les atomes et découvrir le vice caché de l’attirail. Et puis, un jour, ce qui devait arriver arriva : la traction-avant quitta le brabant double et ça fit BRAOUM ! BAM ! KLON ! BIM ! KLONG ! WHAM ! BOM ! KLUNG ! BOUM ! PLAF ! BANG ! POF ! BAOUM ! POUF !
Lorsqu’enfin cessa tout ce boucan, les pièces désolidarisées l’une de l’autre furent remisées dans le musée des objets incompréhensibles jusqu’à la prochaine guerre. Pas besoin d’attendre des siècles ! Les bouts de métal redescendirent fissa dans le monde réel où ils achevèrent leur carrière pour être fondus afin de servir à l’armement. Composantes de lance-roquettes, de missiles balistiques, et kalachnikov en série.
Là, ma petite histoire devient plus crédible, hein ?

P.M.

Numéro 109 et dernier de "Traction-brabant"

 


Le numéro 109 et dernier de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont également disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Ce numéro 109 est également disponible sur Hello Asso : 

Traction-brabant palace remix 2010

Le blog d'Alain Jégou (in memoriam)

Heureuse initiative que celle de ce blog sur Alain Jégou : l'auteur nous fait part de son expérience de l'écriture et surtout de sa vie pas toujours passée dans les bureaux, sans pour autant nous prendre la tête, et en partant d'une lettre de l'alphabet à chaque fois différente...

Vous pouvez également retrouver des fichiers vidéo de ses lectures.

De Pierre-Michel Sivadier (extrait de T-B 109)

 Les toits des villes
  

Les toits des villes, au dîner, scintillent comme une douce crête,
Orange, panoramique.
Plus tard ils s'éteindront, un à un vacillants.
 
Il restera pourtant trois noctambules ambrés, dix insomniaques
mélancoliques, dispersés, et des enfants inquiets qui jamais ne s’endorment posément.
 
Ici, la vie palpite. Les joies comme les tourments. Derrière chaque
reflet du verre qui étincelle, l'humanité rougeoie, traverse l'actualité, peaufine ses arguments.
 
J’aime les toits.
Ce crépitement rassure. Il préfigure une liberté.
Celle de plonger dans la cité à tout moment.
Pour s'y noyer, anonyme,
Ou s'y confondre en partage.
 
Les natures mortes m'enchantent. La montagne et la mer charrient l'exaltation.
Mais les villes permettent un oubli fait d'action.
 
Si tu quittes un instant les touches noires et blanches,
Tu sentiras bruisser les arbres citadins.
Et les frêles humains affairés, incertains,
Ferraillant sous d’ocres ciels du 19e,
Les senteurs invitantes des Lilas,
Les souvenirs enjoués de nos pas à Belleville
Se seront immiscés en une joie tardive.
 

Des esquives fragiles, inspirantes et tremblantes, dont certains soirs, alors, tu humeras la touchante félicité.

Les deux Patroches c'est les deux artoschtes de Patrice VIGUES

Malta compil 2007 : "Ensuite toute la famille..." (avec lecteur mp3)

Histoire de vous réveiller un peu : cette compil est bientôt finie. Le texte choisi pour l'année 2007 a fait l'objet d'une publication dans la collection Polder de la revue Décharge. Il s'agit d'un poème extrait de "Sans mariage" :

Ensuite toute la famille les proches
Montent dans l'auto blanche effilée
Qui coupe les ubans du berceau
Ne bouche pas les trous de l'ennui
Le reste du temps ta soif de bonheur
Marche sur le linge neuf plus opaque
Eveille toi au balcon et ensemencée
Par les lis d'apparat regarde comme
Délicatement ils fanent je te le répète
Tu es une conteuse de fleurs machinale

Sur une musique de Monochord "No question no answer" (Via Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/). C'est bien le cas oui.

De Julien Labia (extrait de T-B 109)

Miséricordial
 
Le jour
Comme une paupière tombante
Et
Toucher du fard sans renom
Le coucher
Du soir à rebond

Tant rouge est le vin
Que tu m'offres du sang
Ami que tu n'as versé
Qu'alors coloré j'honore
Compagnon d'un verre
Que ne ressemble à rien
L'animal en toi où crient
Ton nom les vies
Qu'il épargne.
 
Beau monde où je me trouve
Comme le verre dans l'eau
Où pourtant tu bois
Combien bouclera de fois
Mouché d'un phare sans aplomb
Ciel à l'horizon son rebond
 
Pour que tombent et le jour
Et l'autre en toi.

Image de Jean-Marc Couvé


 

De Marianne Duriez (extrait de T-B 107)

Baobab
 
Au fond, depuis le balcon,
Le majestueux fleuve Congo.
Devant,
Un baobab plus majestueux encore
Haut comme trois maisons.
 
Ce n’est pas un baobab sec du désert
Ni un baobab géant de Madagascar
C’est un bastion au badinage frémissant
Un baron aux airs bariolés
Un ballet au bal feuillu
Une balbutiante aubade
Un barde au babil obsolète
Un baryton soupirant aux balcons
 
Le murmure du vent dans ses feuilles
Fait danser le coton de ses fleurs enneigées

Image de Cathy Garcia


Pour en savoir plus sur les illustrations, la revue et les textes de Cathy Garcia, je vous propose de leur rendre visite :

De Fabrice Farre (extrait de T-B 44)

Les routes de la terre

Nos petites vies sous
les plafonds pas plus hauts
que nous. Petits rêves,
petits salaires, des rêves
ramenés aux posters,
aux lumières, et nous
papillons fidèles, nous
aurions la danse folle.
Toutes les villes
s’abaissent, l’univers
est vaste. D’un contraire
l’autre, la tension résignée,
le monde est une belle toile.
Peut-être un papier peint
qui suffit à tracer ici une route
là jamais plus qu’une route.

Image de Pierre Vella et en son hommage


Libr-critique

Sous-titré "la littérature dans tous ses états", "Libr-critique" est un site d'actualités littéraires, dans lequel sont publiés textes de réflexions, chroniques de livres de poésie et autres actualités littéraires.

Attention, autant vous prévenir, c'est du sérieux, ce site. Ça réflexionne. En même temps, le lien du site est t-pas-net.com.

C'est vrai que quand on s'intéresse surtout à la littérature en 2023, je sais pas ce que vous en pensez, mais c'est qu'on est pas très net...Libre critique, c'est ici.

Traction-brabant 109


Je ne suis pas du monde des lettres. Une preuve en est, dès la formule d’attaque de mes messages et correspondances : à l’expression « Cher ami », qui ne m’a jamais convenu, je préfère de loin le terme « Bonjour ». Aucun signe de mépris de ma part, mais plutôt de sincérité. Je m’explique là-dessus. Pour moi, le mot ami, ça devrait être plus une réalité que de la littérature. C’est pour cette raison que je m’en méfie comme de la peste, par crainte de tout faire capoter avant la naissance. L’écriture sert à se méfier de l’écriture, en toute logique. De la franchise et pas de vaseline, hein ? On n’est pas des politicards, n’est-ce pas ?

Tandis que « Bonjour » est une formule orale et objective qui rime avec toujours et laisse l’impression de pouvoir s’envoler d’un instant à l’autre tel un papillon, afin d’aller se poser sur une fleur un peu plus loin. Ne dit-on pas libre comme l’air ?

À côté d’un simple « Bonjour », « cher ami » bidule machin gnangnan pèse au minimum une tonne, sent la vieillerie poétique, le compassé. Or, lorsque j’écris, je me bats contre les tics de l’hauteur : surtout, ne pas me retrouver enfermé dans un monde encore plus nauséabond que l’ordinaire. Il est déjà assez difficile de créer une relation de confiance avec d’autres personnes. Donc, inutile de compliquer les choses, d’en faire des caisses, de rococo.

À la fin du contact, le « Bien à vous » sonne de nouveau comme trop littéraire, même si moins que le « cher ami ».
« Bien cordialement », est un bon compromis. Ou « amicalement ». Attention toutefois ! L’emploi de cet adverbe, qui intervient après plusieurs sympathiques échanges, garde sa passivité.

Enfin, il se peut que j’accomplisse un pas vers mon destinataire avec « Amitiés ». Qui sont nos amis, d’ailleurs ? Vous le savez, vous ? Il n’y en a guère, de toute façon. A fortiori, peut-on espérer que des êtres de papier les remplacent d’emblée ?… Si la littérature me remet dedans, elle n’en vaut pas la peine. Il m’en faut davantage, à moi ! Par chance, une fois sur cent, les mots nous sortent de nous-mêmes : efficacité de certaines lectures silencieuses, avec, à la clé, enrichissement de vie intérieure.

Alors, rendez-vous compte lorsque ces planètes alignées sont constituées d’humains ! Très rare, tout ça, hélas… 

P.M.

Tuesday, July 09, 2024

Le blog des textes minimaux

Les textes minimaux qui sont proposés dans le blog de Nadia et d'Alain Giorgetti ne sont pas si minimaux que ça, c'est justement ce qui fait leur charme...


Pour aller y voir de plus près, cliquez ici... ça vous cause du quotidien, enfin non, de ce qui est juste à côté du quotidien...

Saturday, July 06, 2024

Incipits finissants (107)

J’aime avoir beaucoup écrit pour une raison toute simple : ne plus me souvenir de mes poèmes. Il y a trente-cinq ans, ça n’aurait pas été pareil. Je me serais repassé le même disque, faute de mieux ! Tandis qu’à présent, mon problème est résolu. Faut que ça serve à quelque chose de pratiquer un sport identique durant des années !

À ce propos, quelle mémoire pourrait stocker ces tonnes de mots ?! Bien entendu, je préférerais les connaître par cœur ! Mais pas possible, en plus de n’avoir pas les minutes disponibles pour m’y atteler.

Alors, je me console en relisant parfois mes anciens textes. Pendant ce temps-là, je n’écris pas. Toujours ça de gagné ! Et là, surprise !

Je n’arrive plus à me rappeler ce poème que j’ai écrit il y a juste cinq ans ! Trop génial ! Comme si je lisais vu du ciel ! En effet, plus les mots sont lointains, plus ça fonctionne ! C’est du moins l’impression que cela me procure. Un peu de plus et mes vers auraient été écrits par quelqu’un d’autre. Je ne comprends pas les auteurs qui paraissent s’aimer tout le temps tels qu’ils sont. Moi je préfère m’aimer quand ce n’est pas moi.

Dans ce cas, un tel langage passe pour plus habile et souple, semblant avoir été largué à fond la caisse par quelqu’un de très jeune. Comme si leur auteur ne s’était pas attardé dessus, que ces poèmes étaient susceptibles d’appartenir à tous, qu’ils étaient neufs.

L’effet produit est encore meilleur lorsque les textes en question ont été publiés. Dans une telle hypothèse, il n’y a aucune trace d’écriture manuscrite, Et ce livre, je ne m’en souviens pas davantage, tellement mes pensées ont passé depuis sa publication. J’aurais presque les moyens de le réécrire en partant d’un point identique pour me diriger vers autre chose.

Je plains les auteurs vite rassasiés, une fois ce constat effectué. Ils oublient la chance qu’ils ont eu d’avoir été publiés, ce qui ne leur sert à rien, puisque leur soif de reconnaissance ne peut être comblée.

Pour ma part, découvrir un poème déjà publié équivaut à de nouveau exister, Plaisir gratuit ! Illusion totale ! Tant que l’imagination vole plus loin que les mots, cela me suffit…

P.M.

Wednesday, July 03, 2024

D'Adrien Braganti (extrait de T-B 75)

La tendresse des fêlés

Pendant qu'ils affichent pour tous
Leur vie sans sommeil,
Nous touchons du doigt une tendresse
Sans pareille.
À l'abri des madrigaux en ruine,
De ces serpents qui bossent sous couvertures
Dans les décors au désordre calculé.

Enfonce-toi entre mes bras.
Contracte-toi si l'on te déloge
Des beautés de nos chansons
Si l'on te mène à voir
Nos vies de rêves comme le fruit pourri
De la passion.

Les cris des cochons ne valent pas une rime
Et nos silences seront notre seul crime.

Thursday, June 27, 2024

D'augustin Petit (extrait de T-B 108)

Vingt piges. Les coups d’tabac ça vous passe comme taffe crapotée sans même l’aval des alvéoles
On voit la vie comme infini décor qui file en apparat
Aujourd’hui, cinquante et quelques, me v’là sommé d’être au comptoir. Ça s’gâte Ouest Cabrera. Rodeo party qui s’annonce
Pas d’pole position entre mon crabe et moi
Voilà c’qui s’dit post batterie d’tests. Au coude à coude, crabe et moi. Verrues véroles se lovent c’est nous
C’est nous qu’en f’sons des caisses tellement qu’on s’aime depuis deux heures mon crabe et moi. Bras d’ssus bras d’ssous
L’offre flash du staff médic. La d’mande, elle, qu’en d’mandait pas tant.
V’là l’infini décor qui pile. Frissons. Pilosité d’aucun secours contre frilosité qui fuite sous les gouttières ras bord d’orage
Crâne au karcher. Plus moyen d’décarrer d’ici
Le truc te gratte grignote te ronge depuis profondeurs jusqu’au décor. Le truc. C’est toi. C’est toi qu’apparaît pas dans la glace. Cause que t’est toi même ta propre dent propre mâchoire propre salive. Tu t’Hollywood chewing gum. Fraîcheur de vivre, tu sens qu’ça s’glace ce corps qui prend place puis qui décampe
Tu t’doutes pas qu’t’es tellement habité. Tentacules tous les étages
Dites trente-trois, pas d’gras, d’tabac, ni d’pastaga?
Pas plus que ça
À l’auscult’, quand même, un corps à corps, ça se palpe !
Penses-tu, rien qu’a fuité des clichés
Chiqué qu’y disaient avant qu’le crabe ne prenne pied
Z’ont rien vu avant tu m’étonnes que j’gueule
V’là qu’je pile, tu m’étonnes que j’gueule
Que j’perds la face pas même visible dans les miroirs
Moi crabe depuis 3; 5; 7? Crabe moi pour 1 peut- être 2
Moi. Pas plus que ça. Pas apparu. Nulle part

Monday, June 24, 2024

Biloba de Jean-Claude Touzeil

Le blog de Jean-Claude Touzeil, ex-organisateur de la manifestation poétique des printemps de Durcet, s'intitule Biloba et est avant tout un repère d'observation.

On y trouve beaucoup de photographies de choses vues, dont le côté insolite est mis en avant.

Et c'est vrai que la nature ou les objets des hommes recèlent des surprises dont l'intensité peut varier selon l'angle sous lequel ils sont découverts.

Cela nous change aussi des poètes et de leurs(h)œuvres (h)énormes, les meilleures étant souvent celles qui ne font pas exprès d'exister...

Pour aller y voir, c'est ici.

C'est la fin de Traction-brabant

Tout est expliqué dans le document ci-après (cliquer sur l'image pour davantage de lisibilité) :