Saturday, November 26, 2005

De Eric Simon (extrait de T-B 21)

Ma vie de tous les jours

Je me noie
pour finir et commencer
je me noie encore
je ne connais ni le crawl ni la brasse
je ne connais que le naufrage
je n’ai pas d’élan
ni d’allant
pour traverser la rue
je m’y prends à deux fois
je suis à deux doigts
de passer sous les roues du bus
je continue ma vie
comme une marche maladroite
Des murs et des arbres
me font signe comme une distraction
le chemin tourne court
et la rue aussi
- on raconte tellement d’histoires
qu’il devient même difficile de croire à soi
Me taire pourquoi pas
Mais je n’ai pas le choix
le poème est un jouet
une braise qui ne connaît pas la cendre
Mes mains s’y brûlent tous les jours
noircies d’encre ou de suie
trempées vives dans le vin bouillant de l’être
je ne sais plus
je ne compte plus mes pas
depuis que j’ai vu
combien ronde et vaste est la terre
ma rue me suffit
pour apprendre le monde
j’en suis le cosmonaute oublié
l’inutile et persistant satellite
les avions frôlent mes fenêtres
les trains grondent dans ma cave
et j’ai changé le guidon de ma moto
pour la pointe noire ou bleue d’un stylo
je m’accroche à la page
comme à la corde d’un bateau en détresse
De toute façon je ne sais pas nager
à peine parler
aussi je connais bien la noyade
j’ai appris avec le temps
à respirer sous l’eau
ou sous le ciel ou le vent c’est pareil
mon poème en apnée
sans autre appel d’air
que l’ouragan et le fracas secrets
dans un mot de ma vie de tous les jours.

2 comments:

Anonymous said...

J'ai pris une bonne inspiration... et j'ai plongé sans problème dans ce beau poème.
Merci.

Anonymous said...

Où qu'il est donc passé le commentaire que j'avais laissé ?... Euh... je sais plus qu'elle en était exactement la teneur... disons, en gros, que j'aimais beaucoup ce poème, du moins, un truc dans le genre... mais en moins vague !

Amicalement

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