L’hermétisme en poésie a de beaux jours devant lui. Personne n’aurait misé un cachou là-dessus, à l’époque où le fric n’était pas devenu une denrée rare. Mais il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, c’est la guerre, la civile, sans foi, âme ni loi.
Au début on a tous très bien rigolés, téléspectateurs en détresse intérieure. On ricanait contre ceux qui y croyaient encore, à l’information, car il en tombait des tonnes dans notre capsule. Des trucs faux, qui ressemblaient à des canettes de Canada dry, des machins remplis d’images qui étaient censés flatter l’âme comme un verre de bon vin, des bras d’honneurs polis aux violeurs des familles qui finissaient toujours bien pour les gentils citoyens.
Oui, quelque chose de normal, de rassurant, de trop banal pour être juste.
Et puis, un jour, la bonne vieille mire d’antan a remis le couvert à partir de vingt heures sur les écrans. Faut dire qu’entretemps, le spectacle avait changé.
Il y avait bien Heidi en version remasterisée, mais le reste de la journée, les discours succédaient aux parades militaires, aux chorales viriles et aux offres de tickets de rationnement.
Donc, lorsque la société a pris l’eau de A à Z, les poètes avaient déjà plus d’une longueur d’avance. Leurs phrases en apparence débiles ont recommencé à être distribuées sous le manteau : elles n’avaient pas de prix, puisque les mots signifiaient de nouveau quelque chose. Et puis, on n’avait plus besoin de pubs puisqu’il n’y avait plus de sous.
Quelque part, un couple de gorgones s’éboula sur des tronches de touristes à régime sans sel, cinq semi-remorques bouchèrent l’autoroute du Nord durant trois bonnes heures, les sapins de Noël cramèrent dans vingt cinq villes de France sous le poids de leurs guirlandes.
Et les augures des poètes disaient :
« Les bébés d’hippocampes ont raté les marches du confessionnal »,
« Les fantômes au kérosène polluent les cœurs rayés par la pluie »,
« Les guirlandes de cendres imposent leur style à cette nuit, si longue nuit, issue de la vraie nuit ».P.M.
Au début on a tous très bien rigolés, téléspectateurs en détresse intérieure. On ricanait contre ceux qui y croyaient encore, à l’information, car il en tombait des tonnes dans notre capsule. Des trucs faux, qui ressemblaient à des canettes de Canada dry, des machins remplis d’images qui étaient censés flatter l’âme comme un verre de bon vin, des bras d’honneurs polis aux violeurs des familles qui finissaient toujours bien pour les gentils citoyens.
Oui, quelque chose de normal, de rassurant, de trop banal pour être juste.
Et puis, un jour, la bonne vieille mire d’antan a remis le couvert à partir de vingt heures sur les écrans. Faut dire qu’entretemps, le spectacle avait changé.
Il y avait bien Heidi en version remasterisée, mais le reste de la journée, les discours succédaient aux parades militaires, aux chorales viriles et aux offres de tickets de rationnement.
Donc, lorsque la société a pris l’eau de A à Z, les poètes avaient déjà plus d’une longueur d’avance. Leurs phrases en apparence débiles ont recommencé à être distribuées sous le manteau : elles n’avaient pas de prix, puisque les mots signifiaient de nouveau quelque chose. Et puis, on n’avait plus besoin de pubs puisqu’il n’y avait plus de sous.
Quelque part, un couple de gorgones s’éboula sur des tronches de touristes à régime sans sel, cinq semi-remorques bouchèrent l’autoroute du Nord durant trois bonnes heures, les sapins de Noël cramèrent dans vingt cinq villes de France sous le poids de leurs guirlandes.
Et les augures des poètes disaient :
« Les bébés d’hippocampes ont raté les marches du confessionnal »,
« Les fantômes au kérosène polluent les cœurs rayés par la pluie »,
« Les guirlandes de cendres imposent leur style à cette nuit, si longue nuit, issue de la vraie nuit ».P.M.
1 comment:
Bravo Patrice pour cette lutte contre les moulins à vent!
Fabrice
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