Saturday, May 13, 2023

Traction-brabant 54

Sauf erreur de ma part, du fait également qu’il est impossible de lire tout ce qui est publié sur la question, il me semble que les termes employés pour vanter le capitalisme néo-libéral soient rejetés de façon trop univoque par ses opposants.

Ainsi, le terme de croissance ne devrait pas être toujours connoté en négatif. Par exemple, la croissance d’un enfant est une meilleure nouvelle pour ses parents que son rachitisme. Et pour ma part, je suis très heureux de constater que mes légumes sont en pleine croissance. A l’inverse, leur décroissance m’effraierait plutôt. Remarquez, la bonne nouvelle réside dans le fait que la croissance est vite interrompue par la récolte ou le pourrissement des choses.

De même, le terme de libre entreprise ne devrait pas susciter un tel dégoût. A partir du moment, par exemple, où il ne serait question que de libre entreprise poétique ! Plus généralement, il me paraît intéressant d’envisager qu’un libre entrepreneur puisse vivre de sa production, même non poétique, sans devoir dépendre d’un quelconque employeur, tant que son activité n’est pas du trafic de drogue ou du proxénétisme.

Certes, le mot travail est plus contestable. Mais il n’est pas si mal que cela d’avoir un travail à faire. Personnellement, si je n’ai rien à faire, je m’ennuie. Et il n’est pas non plus si mal que cela d’avoir tout simplement un travail rémunéré. Peut-être peut-on aussi objecter que le fait de ne pas avoir de travail est déjà un travail. Cela ne change rien au fait que tout peut être travail.

On le voit bien, la valeur contestable de ces termes réside plutôt dans la systématisation qu’ils sous-tendent. Devoir travailler (vite), devoir favoriser à tout prix la croissance, devoir aduler la libre-entreprise (qui n’est pas si libre que cela).

Certains mots sont d’ailleurs moins vendeurs que d’autres. Exemple : celui de statistiques. Il devrait être interdit de ne pas cantonner ce vocable à un usage strictement intérieur. Ou bien, en désespoir de cause, les seules statistiques obligatoires devraient être celles des suicides causés, même indirectement par le monde du travail.

Bref, nous aurions à faire preuve d’une meilleure productivité pour retourner contre ceux ou celles qui nous les imposent, ces concepts se bornant pour l’instant à ne vanter que la toute puissance du fric, sous couvert de soi-disant théories économiques.       

Impactons, impactons, mais avec d’autres impacts.

P.M.

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