Wednesday, June 01, 2005

Incipits finissants (67)

On avait bien dit : plus jamais ça. Plus jamais ça, mais quoi ? C’est ce fantôme de l’autoritarisme, qui est de moins en moins un fantôme et met en péril la démocratie, si tant est que ce joli mot ait été jamais mis en musique. Appelez ça extrême droite, ordre moral, droitisation des idées. 
Plus jamais ça. J'entends pour ma part cette injonction depuis 1986, année des manifestations lycéennes et étudiantes (contre un projet élitiste de réforme universitaire d'un ministre oublié par ailleurs), au cours desquelles un étudiant, Malik Oussekine, a été tué par des voltigeurs policiers. Une prise de conscience synonyme d'endormissement progressif.
Plus jamais ça, avec un peu plus qui s'efface peu à peu.
C'est que les tueries de nos ancêtres sont lointaines à présent. D'ailleurs, victimes et bourreaux sont morts finalement. Regardez la guerre de 14-18. Il y a beau avoir eu 1,5 millions de français morts. Les villes bombardées ont été reconstruites. Les villages détruits ont été recouverts par de belles forêts. Bref, tout le monde s'en fout. La guerre en France est devenue une abstraction. Les kapos, des jeux vidéo.
Et pourtant, les conflits armés bien actuels, ils existent. Bien sûr qu'ils existent. Mais ils sont loin de chez nous. Alors, c'est pas grave. Sauf qu'ils ont tendance à se rapprocher de plus en plus, dans leur soif de partage des plaies. Du coup, ça devient moins drôle.
En plus, s'il y a toujours du plus jamais ça, y a toujours aussi plus de chômage. Et aussi de plus en plus de vieilles badernes politicardes, de plus en plus coupées du peuple. Alors, ma foi, on en parle de plus en plus, du messie politique, en échange de quoi on s'autoriserait volontiers des libertés avec notre régime démocratique. Après tout, Hitler a réglé le problème du chômage. Ah ça ! Question de ça ! Il l'a bien réglé ! D'ailleurs, ces temps-ci, on republie "Mein Kampf". Et pis merde ! Trop longtemps, on a été trop gentils avec tout le monde. Et qu'est-ce que ça nous a apporté ? Que des emmerdes. On aimerait pour une fois pouvoir montrer les crocs. Les gentils, Mère Térésa et tout ça, ça n'a jamais été très vendeur. A la limite, Jésus. Mais même lui, il est mort en martyr.
L'autoritarisme, c'est comme la dope. On est déjà tellement accros à la drogue douce qu'un jour, on tombera dans la dure. ça nous fera ptète du bien. Peut-être que ça guérira tous nos maux, qu'ont pas été solutionnés par les gentils. Et tant qu'à mourir à cause des idées des autres, autant que ce soit de mort rapide.
P.M.

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