C'est pas qu'on s'ennuie ici, les nanas mecs et on s'amuse même un max avec vous. Hélas, voici venu pour moi le
moment de vous dire adieu. J'en ai trop marre des publications confidentielles
qui se font avec d'autres copains mal rasés, entre deux pintes de bière. Moi,
j'ai besoin du grand frisson, de la big classe, parisienne si possible. Je veux
être publié par quelqu'un de digne : un machin tout ce qu'il y a de plus
officiel, avec des responsables couronnés et galonnés, un site nickel chrome et
discret, en noir et blanc avec de vrais têtes d'(h)auteurs dedans (polos
gueules grises), paniers d'achat en douce, tirages d'exception, chroniques en
VIP que dans les revues qui comptent aujourd'hui en France, vraies performances
que dans les vrais lieux où ça se voit la Culture avec un grand C. Université
minimum.
Mon envoi est prêt à être
posté. A compter de ce jour, vous me reverrez plus... Marre de rigoler. Après
vingt ans de bons et loyaux services, faut savoir penser à sa carrière.
Quand soudain... l'idée
saugrenue me prend d'obéir aux recommandations des éditeurs que je
convoite : lire ce qu’ils publient avant de m'adresser à eux. Je me rends
donc face à leur devanture Internet, et voilà ce que j'y découvre : sans
surprise, quelques extraits de poèmes du dernier recueil sorti :
« L’idéal
est un chiffre
les
courbes se diriment
dans
un dire ultime
c'est
un nuage qui
flotte
une
pluie ici qui impacte
les
alvéoles de l'être
l'air
est dans la peau
peau le miasme effleuré
sans
visage dans
une trachée
à la seconde
tremble
sur la matière trouble
Je
suis celui qui voit
rien
qui là dans
l'anfractuosité
habite le cercle de notre déchaînement (etc)"
habite le cercle de notre déchaînement (etc)"
Putain ! Que c'est
beau ! Non, eh ben finalement, après réflexion, je crois que je pourrai
jamais faire le malin, faute d’écrire quelque chose d'aussi balèze, à moins
d'avoir un pistolet braqué sur la tempe. Je range donc mon enveloppe dans ma
bibliothèque. Et pis j'oublie un peu tout ça, bouquins et discours vernis. Je
reviens déconner avec vous, dans notre coin-coin. Promis juré, cette fois-ci,
jusqu'à la mort.
P.M.
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