Saturday, October 24, 2009

De Le Mulet (extrait de T-B 80)

Le banc manchot.

Le banc manchot attend son heure.
Sonneur de fer
Rouillé, même jusqu’au sol
Tremblant de froid, d’horreur
Il s’agite comme une statue
Pétrifiée, animé comme la pierre
Le banc manchot pleure, il pleure sans être vu.

Le banc manchot attend son heure
Seul dans son parc, sa gare
Sa rue fuie par le tous
Seul comme une barque à la lisière de rien
Seulement inerte
Coupable d’être ancien
Les yeux ouverts sur son passé
Béants, béat
Il ne voit plus à l’avenir

Le banc manchot attend son heure
Montre à la main
Il attend dans son parc, un ballon
Il attend dans sa gare un train
Il attend dans la rue les poux
Il attend…
Mais se demande vers où
Il regarde
Mais ne voit plus d’avenir
Le banc manchot attend son heure
Sale temps qui marque « retard »
Chahut faisant la moue
Seules traces du temps passé de fiers vauriens
Salement en perte
Il s’accable, se contient
La bouche ouverte, en fait cassée
Céans, les rats
Sont morts d’ennui dans le navire
Le banc manchot attend son heure
Compte les refrains
Il attend dans son parc une chanson
Il attend dans sa gare, chagrins
Il attend dans sa rue un trou
Il demande…
La fin d’une vie, c’est tout
Il s’égare
Dans l’éternel à venir

Le banc manchot appelle son heure
Son heure laisse faire.
Mouillé, il se cajole
Pensant à toutes ces fleurs
Déposées sur une pierre nue
Au centre d’un petit cimetière
Tout au fond d’une décharge sans odeurs.
Seul, le banc manchot pleure
Dans son parc, dans sa gare, dans la rue
Seul, il pleure sans être vu.

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