Monday, July 26, 2021

De Gaël Guillarme (extrait de T-B 81)

Notre visage n’est jamais tout à fait le nôtre
mais aussi en large part celui des autres
qu’ils traversent par droit d’usage
vers eux-mêmes ou de plus proches paysages

On voudrait qu’une fois un regard s’attarde
plus longtemps que le temps d’aimer pour qu’il garde
quelque chose de nous et nous prête vie
plus tard si nous en avions perdu l’envie

Tu restes seul Il n’est pas de pire déclassement
parmi les hommes que ce renoncement au protocole
communément admis de l’émerveillement
devant la beauté de la vie et ses vestiges de nécropole

Tu pourrais partir et rejoindre au loin cette île
pour qu’enfin l’eau se montrât dans la transparence
de ces ciels plus proches des plateaux de transhumance
où se disent aussi la blancheur de la feuille et le désir inutile

Tu pourrais boire à l’eau de cette rivière
sise au bord d’une prairie à l’herbe si fluide
dans le vent que ton corps devenu lui-même liquide
accepterait enfin de creuser son lit dans la terre

Tu découvrirais peut-être une nouvelle façon d’aimer
dans la belle de nuit qui fuit l’étreinte de la lumière
et au baiser arraché d’un soleil éreintant préfère
pour s’offrir toute la distance de l’obscurité

Mais tu restes sachant ce qui aura le dernier mot
et quel sera ce mot noyauté de silence
et quel sera ton silence dans ce dernier soubresaut
de poisson dans l’œil duquel entre tout un ciel immense

Mais tu attends cependant qu’à l’ennui de la cime
ne répond seul en toi que l’écho de l’abîme
Dressé sur la plaine des hommes couchés
tu rejoins lentement le reflet de ton horizontalité

No comments:

Traction-brabant 101

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelq...