Il est presque nu, une tache grise au niveau du
ventre. Il me regarde de ses orbites creuses. Sa bouche vide est ouverte sur un
désir fou. Il a faim.
Moi, j’ai soif. J’ai trop mangé au restaurant de
l’hôtel. J’espère un bistrot dans une de ces rues misérables sous le soleil de
plomb.
Il tend la main. Une main décharnée couverte de
crasse. Je cherche dans ma poche une pièce. Je n’ai plus de monnaie.
Je hausse les épaules et tourne le dos à l’épave
humaine qui me suit, marmottant ce que je suppose être des malédictions dans
son dialecte tribal.
J’avise enfin une gargote. Des autochtones sont
attablés à l’ombre d’un figuier dans une courette au sol de terre rouge. Que
suis-je venu faire dans ce coin pourri de la ville ? La recherche du pittoresque… Ce n’est pas
l’ombre du figuier qui me protégera de la chaleur épaisse. Ont-ils seulement un
frigo dans ce bouiboui ? On verra bien.
Je commande une bière. Le patron, un vieillard assisté
par un enfant, m’apporte une canette tiède. Tous les regards sont dirigés vers
moi. Le silence s’est établi à mon arrivée. Le mendigot vient d’être chassé par
le patron. Il m’attend de l’autre côté de la rue.
J’avale la bière tiède au goulot. Une amertume
m’emplit la bouche. Une lassitude me vient. Vivement le retour à l’hôtel où la
climatisation, le bar, les putes, la piscine…
Une bousculade soudaine. Des indigènes armés et
cagoulés se saisissent de moi, m’entraînent vers un 4/4 poussiéreux.
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