Monday, April 10, 2023

De Frédéric Teillard (extrait de T-B 96)


lorsqu’à l’humanité je demandai sa main, je vis ses doigts s’émerveiller de n’être pas des pattes d’araignée, je la lui pris alors, l’embrassai (tel était vif et depuis longtemps mon désir) puis la posai sur mon billot et, en moins de temps qu’il ne lui en eût fallu pour la retirer, j’abattis ma feuille à laquelle sa taille et son poids associés à l’élan du mouvement de mon bras offrirent une telle force de coupe qu’il ne fut pas nécessaire que je m’y reprisse, et je l’essuyai soigneusement à mon tablier, oui, poursuivis-je

dans la plus grande longueur de son corps enfiler

mon interminable aiguillée coudre

ses lèvres au ruissellement de ma

pensée traverser de part en part son

âme comme un crachat

briser sa chair aux rochers

revenir

la briser

mieux

qu’en lambeaux d’un beau rouge

elle gicle et qu’en la voyant le plaisir

esthétique

souffle

toute pitié

j’allais à vide

l’âme le sol rincé

le ventre plein de chien mordant

l’œil aiguisé d’appétit d’ombre 

j’allais ma force était

telle que la mer d’un coup

l’aurais tirée sur le rivage et là

laissée sécher riant

de l’agonie désordonnée des créatures

j’allais elle me suivait

à peine en boitillant

la très nombreuse la

squelettique

No comments:

Incipits finissants (67)

On avait bien dit : plus jamais ça. Plus jamais ça, mais quoi ? C’est ce fantôme de l’autoritarisme, qui est de moins en moins un fantôme ...