Sunday, January 08, 2023

Traction-brabant 96

C’est vraiment bizarre ce qui m’arrive. Quand je regarde sur Internet le programme des maisons de la poésie (vitrine officielle de la poésie d’aujourd’hui), j’y trouve plein de trucs : de la musique avant toute chose (classique, jazz, flamenco, etc), du théâtre, des jeux de lumière, des danses, en résumé, une véritable scénographie. Et puis aussi, en arrière-plan, des luttes politiques ou sociales : par exemple, la survivance d’une langue bâillonnée dans un pays en guerre, le féminisme aussi, et bien sûr, l’éco responsabilité, Tout cela est très bien. J’y reconnais par ailleurs plusieurs genres littéraires : le roman d’abord. La chanson également. Enfin, tout ce qui compose de près ou de loin la culture. Comme le bric-à-brac d’un supermarché de l’immatériel.

J’y vois tout, sauf… de la poésie ! Ou alors, dans les interstices supposés, entre les mailles du filet. Bref, voici la poésie embarquée en clandestinité dans les cales d’une maison de la poésie.

Est-ce que c’est grave Docteur ? Rassurez-moi ou inquiétez-moi plutôt. Je suis peut-être atteint d’un daltonisme poétique, qui aboutit à ce que je ne distingue plus les exactes couleurs.

Bon, c’est vrai. La poésie est partout. On l’a beaucoup dit ces dernières années. Soit. Mais tout de même, n’ai-je pas le droit de la rechercher encore dans des poèmes, non ?

Quand j’ouvre une boite de conserve avec marqué dessus macédoine, à l’intérieur, je n’y découvre pas des sardines. Alors forcément, je suis tout heureux du miracle des évidences. Dans une boite de macédoine, il y a de la macédoine. Je ne suis pas bien malin, c’est vrai, mais pour la poésie, je voudrais que ça soit pareil, quand je lis « Maison de la poésie », j’aurais envie d’y voir plein de poésie, parce que tout simplement, j’aime ça. Vous savez, ces textes qui se présentent visuellement avec des vers et que l’on peut réciter,

Alors oui, j’avoue ma déception. En même temps, ce qui me fait rager, c’est que je passe à coup sûr à côté de découvertes intéressantes qui seraient pour moi de la vraie poésie, manquant de temps pour aller vérifier ce qu’il y a derrière...

Bon sang, mais est-ce que la poésie ne serait pas déjà devenue l’ultime tabou de notre société qui n’arrête pourtant pas d’en lever tous les jours ? S’agirait-il d’une honte encore plus grande que celle qui touche aux pratiques sexuelles ?

Pour provoquer le monde entier et se faire enfermer comme dans une dictature, ne faut-il pas d’ores et déjà clamer haut et fort que l’on aime ces vers que l’on se récite en temps de guerre intérieure ou totale et qui changent nos vies ?   

P.M.

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