Veuillez m’excuser. Il m’a fallu attendre le dernier printemps des poètes pour que je réalise que le métier de poète pouvait exister. Avant, pauvre de moi, je croyais qu’il n’y avait en guise de poètes que des trafiquants d’armes ou des profs. Me voilà donc rassuré. Alors, en quoi consiste la mission de poète ?
A huit heures du matin, après un petit déjeuner riche en protéines et pas seulement viticoles, comme le prétendent volontiers les mauvaises langues, le poète intègre le pôle régional de poésie.
Tout de suite après être arrivé, il suit sur l’écran de son ordinateur l’évolution des boutures de poèmes élaborées par ses apprentis, qu’il reçoit éventuellement en son bureau pour rectifier le plan de croissance de la plante de mots.
Si la courbe des subventions baisse malgré la progression en flèche des alexandrins ou de l’intensité sonore des onomatopées, il décide avec ses plus proches collaborateurs de l’opportunité d’un debriefing hebdomadaire.
Si au contraire les résultats sont bons, il ouvre un nouveau chapitre budgétaire et travaille à la détermination du montant de la surprime de printemps (des poètes), équivalent au 13e mois dans l’industrie moutonnière.
Il est également chargé du suivi du plan pluriannuel de poésie visant au rachat des poètes clandestins par l’octroi d’une bourse exceptionnelle pour édition d’un recueil de poésie et intégration progressive à sa zone de compétence géographique.
En outre, pour que l’apprenti poète puisse continuer à exercer son art dans de bonnes conditions, ce dernier doit disposer d’une nourriture saine et équilibrée ainsi que d’un espace de liberté soigneusement calibré.
Ainsi, le poète en chef préside à l’élaboration du cahier des charges de la cantine. Les mets rares sont recherchés pour des poèmes qui sentent moins fort.
De même, la dynamique de groupe est mise en avant dans le potager des chantiers de rimes ou d’onomatopées. Le poète en chef veille tout particulièrement à ce que chacune des trouvailles des apprentis poètes soit contrebalancée par la fluidité du jus de poème.
Le poète en chef, avec son thermomètre, en profite pour vérifier la bonne teneur en subventions des poèmes qui lèvent du sol, ni trop cuicui, ni trop culs.
Le soir, avant de quitter son bureau, le directeur du siège social s’assure que tous les apprentis poètes ont bien cessé leur travail, heure à laquelle la pointeuse n’est plus en service.
Malgré l’apparence un tantinet répétitive de sa mission, un poète doit sans cesse composer avec la nationalisation du marché induite par la pratique d’une langue commune. Mais des perspectives de croissances induites par les particularismes locaux existent toujours à l’heure où je vous parle.
P.M.
A huit heures du matin, après un petit déjeuner riche en protéines et pas seulement viticoles, comme le prétendent volontiers les mauvaises langues, le poète intègre le pôle régional de poésie.
Tout de suite après être arrivé, il suit sur l’écran de son ordinateur l’évolution des boutures de poèmes élaborées par ses apprentis, qu’il reçoit éventuellement en son bureau pour rectifier le plan de croissance de la plante de mots.
Si la courbe des subventions baisse malgré la progression en flèche des alexandrins ou de l’intensité sonore des onomatopées, il décide avec ses plus proches collaborateurs de l’opportunité d’un debriefing hebdomadaire.
Si au contraire les résultats sont bons, il ouvre un nouveau chapitre budgétaire et travaille à la détermination du montant de la surprime de printemps (des poètes), équivalent au 13e mois dans l’industrie moutonnière.
Il est également chargé du suivi du plan pluriannuel de poésie visant au rachat des poètes clandestins par l’octroi d’une bourse exceptionnelle pour édition d’un recueil de poésie et intégration progressive à sa zone de compétence géographique.
En outre, pour que l’apprenti poète puisse continuer à exercer son art dans de bonnes conditions, ce dernier doit disposer d’une nourriture saine et équilibrée ainsi que d’un espace de liberté soigneusement calibré.
Ainsi, le poète en chef préside à l’élaboration du cahier des charges de la cantine. Les mets rares sont recherchés pour des poèmes qui sentent moins fort.
De même, la dynamique de groupe est mise en avant dans le potager des chantiers de rimes ou d’onomatopées. Le poète en chef veille tout particulièrement à ce que chacune des trouvailles des apprentis poètes soit contrebalancée par la fluidité du jus de poème.
Le poète en chef, avec son thermomètre, en profite pour vérifier la bonne teneur en subventions des poèmes qui lèvent du sol, ni trop cuicui, ni trop culs.
Le soir, avant de quitter son bureau, le directeur du siège social s’assure que tous les apprentis poètes ont bien cessé leur travail, heure à laquelle la pointeuse n’est plus en service.
Malgré l’apparence un tantinet répétitive de sa mission, un poète doit sans cesse composer avec la nationalisation du marché induite par la pratique d’une langue commune. Mais des perspectives de croissances induites par les particularismes locaux existent toujours à l’heure où je vous parle.
P.M.
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