Monday, May 08, 2006

De Mahrk Gotie (extrait de T-B 44)

Pas plus vivant que ça

Tu crains la mort, toi? Cesse de plaisanter. On ne plaisante pas avec la mort, on n'en rigole pas, on ne la regarde pas dans les yeux, on la fuit, on l'oublie, on n'en parle pas, ou peu, avec beaucoup de prudence en tout cas, pour ne pas la brusquer la mort, pour ne pas l'attirer par chez nous, pour l'éloigner au maximum, et pas vers les autres! Oh non, surtout pas! Souhaiter la mort de quelqu'un, jamais, maudit intrépide! Elle s'en retournera sur nous, elle se vengera, crois-moi, je sais de quoi je parle. La mort est notre nouveau Dieu, parce que la mort nous savons qu'elle existe. Elle nous accompagne partout, nous surveille de loin, et elle attend, elle attend qu'on dérape, et là, sans prévenir, elle nous attrape.

Mais toi, petit vaurien, pourquoi aurais-tu peur de la mort? Hein, dis-moi! Pour craindre la mort il faut d'abord être vivant, et ce n'est pas aussi facile que l'on croît. Tu penses qu'ils sont vivants, toi, les gens qui poussent leurs caddies dans les magasins avec l'énergie du désespoir? Et ceux qui travaillent, stressés du matin au soir, la boule au ventre, ils sont vivants ceux-là? Et les autres, la masse, la foule, les zéros, les fantômes, ils n'existent pas, vois-tu. On les remplacerait par des robots que tu ne le remarquerais même pas!

La mort, il faut s'en montrer digne, lui tenir tête, et ne pas la placer sur un piédestal. Il faut lui résister, et résister ça veut dire jouer avec la vie! Car la vie doit être ton jeu, la somme que tu mises à chaque fois sur le tapis dans tout ce que tu entreprends. La vie, ça se consume, ça se gaspille, et si tu la protèges, si tu ne l'abîmes pas, si tu en prends soin comme ces maniaques qui astiquent leurs voitures dans leurs garages sans jamais les conduire, tu ne vis pas, tu n'existes pas, et tu ne seras jamais qu'un simulacre! Qu'une mauvaise imitation! Alors tu ne mérites pas de craindre la mort. La peur doit se mériter, et cette peur te fera grandir et sortir de ton trou!

Qu'attends-tu, à présent? Explose ta bulle, fais-moi plaisir, et lorsque ta dernière heure sera venue, tu t'en iras comme tous les vivants, c'est-à-dire avec le plus beau des sourires.

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