Thursday, September 02, 2021

Incipits finissants (46)

Né de l’union d’une deux chevaux et d’une quatre ailes, en tant que pilote de traction-brabant, je ne pouvais qu’avoir envie d’écumer ma ville en changeant de monture ou de carrosserie.

A ce propos, m’amusent bien ceux qui bouclent leur tour de monde sans escale. C’est trop simple. Suffit d‘avoir du fric et c’est (presque) sans secousses. Quand ils reviennent parmi nous, c’est comme s’ils sortaient d’une soucoupe volante une minute après y être rentrés. Tu parles d’un voyage !

Tandis que là, vous allez voir si vous en sortez indemnes.

D’entrée de jeu, je nage dans un bras mort qui sent les égouts et saute sur le quai que je longe en vélo couché. Puis, me voici en train de courir jusqu’au bus de la ligne 42, avant de prendre une correspondance pour me boucher les oreilles dans un traîne cons. Puis je fais un tour de calèche en tape cul sur les pavés, avant de tâter du vélo électrique, pas trop longtemps, car ça ne va pas assez vite dans les côtes. Je le troque donc contre une patinette qui me permet de rejoindre la station de tram qui m’emmène direct à son terminus. De là, je monte en montgolfière afin d‘atterrir dans la cour d’une ferme. Et comme je n’ai aucune envie d’y bosser, je me barre en quad (pardon les écolos, mais c’est plus fort que mon ombre, faut que ça dérape). Ainsi, je défonce un plein chemin de terre. Un tel engin, qui consomme beaucoup trop de son, je l’abandonne et après avoir fait du stop, me voilà enfin de retour dans la banlieue, juché sur un tracteur. Et là, je loue une voiture électrique, patientant comme je peux au milieu des badauds qui riment toujours avec veaux et qui traversent en file indienne sur le bitume.

Mais c’est pour mieux accélérer ensuite jusqu’à la fête foraine où là, je saute des chenilles à la grande roue en passant par les autos scooters. Je glisse alors rapidos sur une planche de skate et dévale au port où un canoë ne m’attend pas, le temps de me prendre des gamelles dans les rapides. Et c’est dans une souche d’arbre que finit provisoirement mon escapade. A présent j’attends que tombe la neige pour emprunter des skis et vise une expédition prochaine en fusée, pour aller où, je m’en fous. Est-ce qu’il me sera possible au moins de redescendre en parachute avant terme sur le plancher des bovins à seule fin d’entamer une corrida d’enfer ?

P.M.

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