Thursday, January 22, 2015

De Laurent Bouisset (extrait de T-B 53)

Poème d’un autre

Peut-être bien que tout devrait crever, mais le souper du port apporte en pluie l’idée que tout pourrait durer encore un souffle. Sur ce presque rien de délai, le chemin de ce fil en mouvement vers son néant, enflent et se mêlent aux voiles les visages importants, les voix cassées des vieux qui savent et blaguent, et l’on sent que se désassemblent nos pores même. Craque et s’effrite en bouts ce texte que l’on ne parvient plus à recoller dans le bon sens. On a lutté pour semer direction sous une pluie vague. Traîné nos yeux-carrioles en vrac et ronds carrés des heures, hurlant qu’on ne voudrait plus croire à rien, c’est faux... et rire. Quand l’imminence aux mâts s’enroule d’une naissance distraite et floue qu’on ne situerait plus au creux des teintes... ou qu’on sent s’annoncer dans l’ombre en araignée paisible et seule, et déposant l’envie de rester replié ici des heures, à voir se projeter sur l’eau le démon du désir qu’on a d’en finir au plus vite. Alors que grasse et de la peau du cul raclant le noir épais et doux que l’on n’aurait plus l’envie forcément d’accoler à notre insomnie, l’envie redéboule grave et fait cow-boy que tout crève et s’éteigne ici enfin. Commencer par un gros carton des étoiles connes avancées par ce ciel gaufré et vide que l’on n’en finira jamais de malmener de nos yeux lourds, que l’on voudrait sur le champ déchirer de nos doigts morts, pour la raison pure et très bête qu’on n’a plus aucune raison de le voir, ni moins de raisons de le peindre ou pendre encore, ni même de porter nos vies plus loin, quand stock épuisé de sourires avant la lune avec le sucre... et la raison bien moins couillonne encore qui brûle et vrille et reprend fil au fond du noir en torche hilare que nous nous refusons d’un bloc uni, têtes cognées, pas réduites, frénétiques, à demeurer de ce purin de ciel un doigt de plus, et sans orgueil, la nuque basse en berne ou la mouche qu’il compisse.


Marseille, le 19 avril 2013

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