Thursday, October 24, 2013

Traction-brabant 55

Je n’ai pas envie de dresser un bilan des 10 ans d’existence de Traction-brabant. En effet, ce genre d’exercice provoque en moi l’insatisfaction, car il fige les choses, comme si elles étaient terminées, qu’elles n’avaient plus besoin d’être poursuivies. Je préférerais encore me livrer à une évaluation continuelle, même si vous n’aimez pas trop ce mot, et moi non plus d’ailleurs.
Car au fond, une revue, qu’est-ce que c’est ? Sinon un flux d’écritures, dont la convergence mériterait de durer aussi longtemps que l’espèce humaine capable de se remettre en cause.
Ainsi, l’existence d’une revue de poésie en particulier n’est pas si importante, dans la mesure où de plus et très souvent, les mêmes auteurs se retrouvent dans plusieurs publications à la fois.
Plus intéressante est sans doute l’observation du nombre de poètes qui apparaissent puis disparaissent du paysage. Quel chemin leur vie a-t-elle pu prendre, pour qu’ils s’en sortent, de la poésie ? Des fois, pas souvent, je les envierais presque.
Je me dis : ils ont trouvé le Graal du bonheur. Pour ces personnes, le monde est devenu une mécanique démontable qu’ils savent remonter quand ils en ont envie.
Je rêve qu’il n’y a plus d’incompréhension de leur part, celle-ci laissant toujours à l’écrivant ce soupçon d’existence d’autre chose à expliciter sans relâche…
A part ça, bien sûr - mais cette remarque est de nouveau plus prosaïque - je vous confirme qu’il en est des revues comme des bistrots :
on y retrouve sans problème, de publications en publications, les collecteurs d’ardoises, ces (h)auteurs qui font beaucoup les malin(e)s mais ne lisent pas les autres. Sachez, si d’aventure vous appartenez à ce club, qu’ils ne passent pas inaperçus. Ceux-ci, celles-là peuvent sortir du circuit et retourner à leurs tiroirs bourrés d’éclats de génie. On n’ira pas les chercher. L’erreur est de continuer, contre toute attente, à penser le contraire.
En revanche et pour finir, je constate que, durant ces dix ans, je n’aurai pas été beaucoup embêté par les institutions littéraires ou artistiques officielles. De ce point de vue, c’est même une réussite, voulue au départ et totale à l’arrivée, du 25/20 au minimum. Comme si ces institutions n’étaient pas là pour encourager toute activité littéraire, voire artistique, mais se consacraient uniquement à compter les vivants et surtout les morts, qui sont forcément beaucoup moins pénibles.              
                                                     

                                                                                                                              P.M.

1 comment:

Laurent Deheppe said...

Jamais sans doute il n'y eut autant de gens pour écrire cette sorte de chose que personne ne lit. (Georges Mounin)

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