Saturday, March 03, 2007

De Marie De Vezins (extrait de T-B 55)

Le voyage

J'ai traversé de larges collines sans ressorts.
Grelotté sous des étoiles rouges empalées dans le ciel.
Une saignée de vent a fait trembler mon front
J'ai salivé le père, la mère, l'enfant que je n'ai jamais eu.
Sous des terres très lointaines, j'ai fondu.
Épinglée au vent, vidée de mes écailles noires
J'ai trempé mes seuls yeux dans l’Iphigénie pâle
exsangue comme un œil de vipère attardée
J'ai croisé l'aurore molle avec ses doigts de raie
avec ses doigts qui glissent et qui râpent l'horizon
Avec ses doigts criblés de lucioles pendantes comme des képis sur les têtes gourdes des petits soldats blonds
Avec ses chapeaux grimaçants accrochés à toutes ses mains, à toutes ses jambes, comme des grappes pourries sur les raideurs du monde.
Je n'ai rien vu de ce qu'on m'avait promis. Rien. Il n'y a rien. Rien à dire. Les verbes sont trop verts
Et l'homme éventré a fini par se taire.
Moi, j'ai rattrapé mes pieds qui couraient comme des puces affolées après des pantins morts
J'ai fracassé mon ombre et tous mes désespoirs contre les grands carillons noirs des falaises éternelles

Il n'y a rien. Rien à dire.
Rien pour vomir mon ciel crevé que les boursouflures fades et les verbes malades d'un monde épouvanté.



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