S’il y a quelque chose qui
commence quand ça finit et vice-versa, c’est bien de l’écriture qu’il s’agit,
enfin, du moins, en ce qui me concerne.
En
effet, j’écris toujours pour dégonfler une baudruche qui, sitôt vidée, gonfle
de nouveau pour être derechef aplatie, piquée avec une aiguille, afin d’en
chasser tout le pus.
Cette
histoire ressemble beaucoup à celle de Sisyphe remontant son rocher du fond du
trou.
Ainsi,
pour moi – et c’est une évidence naturelle – l’écriture trouve sa justification
dans le fait qu’un problème est à résoudre, une injustice à dénoncer, un danger
à affronter. D’ailleurs, cela ne m’empêche pas de vivre à peu près normalement.
Mon
boulot est celui d’un scientifique qui aurait perdu toutes ses équations et
dont les recherches, au mieux, l’amènent vers une autre solution que celle espérée
au départ.
Il
va sans dire que je n’écris pas pour faire plaisir aux lecteurs, ou pour constater
que tout va bien. Dans ce cas là, j’ai mieux à faire !
Bien
sûr, les problèmes à résoudre sont insolubles et leurs solutions, douteuses et douloureuses.
Les thèmes sont du style : Comment dire ce que les gens refusent
d’avouer ? Comment décrire un état paroxystique, de violence ou de perte
de repères totale ? Comment survivre à une séparation ? Par quelle
organisation sociale remplacer la famille ? Comment se mettre à la place
des autres ? Comment vivre deux vies différentes en même temps ?
Comment lutter contre le temps qui passe et la solitude ? Comment entrer
en contact avec un disparu ?
Ne
vous étonnez donc pas de la noirceur de mes textes et de ceux que je cite en
référence. En plus, ce que le désespoir cache habilement, c’est une volonté
farouche de combattre des forces qui nous dépassent. Et par un renversement des
perspectives qui peut paraître surprenant aux yeux des profanes, une œuvre,
voire une vie tragiques, constituent justement une victoire tant que dure la
vie, et même au delà, parce qu’il y a combat. Au contraire, une vie plutôt
lisse signe l’échec, la gaieté qui la traverse provenant surtout d’une absence
de résistance au courant.
Et
pourtant, je suis d’accord aussi pour affirmer : « Heureux les
simples d’esprit ».
Par
contre, si l’on a un cerveau, vaut mieux qu’il serve à croiser le fer. Les
vraies joies, provisoires, existent à ce prix. P.M.
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thanks
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