Thursday, July 27, 2017

Traction-brabant 60

Quelle connerie que le style ! Et pourtant, tout le monde (auteurs, éditeurs, chroniqueurs) fait tout pour qu’il n’y ait que ça qui compte !
Je me souviens d’emblée de quelques conseils d’écriture : trouve ton style. Et après, ça ira tout seul. Mais bon sang de bon soir, en plus de 25 ans d’écriture, je n’ai jamais cherché à trouver mon style ! Ça serait au mieux du bricolage, au pire du fayotage. Si j’ai un style, c’est lui qui m’a trouvé. D’ailleurs je m’en fous. J’écris ce que j’ai envie d’écrire, empruntant mes circuits neuronaux les plus habituels, bien que cela m’embête. Et rien d‘autre.
Hélas, qu’est-ce que j’aimerais en changer, de style, à chacun de mes textes ! Pouvoir écrire sur n’importe quoi et de n’importe quelle manière : ça, c’est un idéal qui me fait rêver.
Plus modestement, il me semble possible de varier les ambiances, ce paysage qui reçoit l’écriture.
Alors, parfois, quand je lis les textes des copains copines, je l’avoue, je suis déçu de retrouver leur univers intact. A la limite, le style peut être le même, mais l’ambiance devrait être modifiée. Par exemple, passer d’une histoire d’amour à une histoire de guerre. Sinon, à moins d’être un fan impénitent et d’avoir les idées trop bien arrêtées, les répétitions d’obsessions finissent par devenir rasoir.
Ensuite, il y a le respect des formes. Ça c’est encore une plus belle connerie. Et pourtant, quand vous lisez plusieurs textes publiés par un auteur, vous remarquerez que ce dernier utilise fréquemment une forme d’expression unique. La prose ou les poèmes en vers, par exemple. Voire toujours des distiques ou des versets bibliques. Et toujours avec ou sans ponctuation. On se croirait à l’usine !
En ce qui me concerne, je n’ai de cesse de passer d’une contrainte à une autre ou de m’en passer quand je le peux. Alors, pourquoi cette uniformisation ? Puisque, le plus souvent, les auteurs et les éditeurs reproduisent et diffusent leur logique de recueil en recueil, sans paraître jamais se poser la seule question vraiment utile, à mon sens : est-ce que je ne suis pas en train d’ennuyer mes lecteurs ? Ne suis-je pas devenu un tâcheron au lieu d’être un poète, voire un écrivain ?
Bizarre que de telles évidences ne puissent être communément partagées… Car je ne suis pas certain que, même d’un point de vue financier, il s’agisse d’un bon calcul…
P.M.

1 comment:

Laurent Deheppe said...

Le style c'est cette partie du beau qui s'analyse, dans le repos, quand le spectacle flanche. (Léo Ferré)

Incipits finissants (67)

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