C O M M E N T A I R E P E R P E
T U E L ( 2 )
Voilà ce que je crois : la vie est un long
voyage à couvrir en diariste,
le nez sur l'azur, si l'on ne veut pas
trébucher... les jours ouvrables gravés sur le marbre.
C'est forcément une mosaïque bien bancale, une
cithare désaccordée.
Il faudrait craquer au bon endroit, pondre le
monde en permanence comme le poète maudissant,
boursouflé, suintant, essoufflé, aveugle pour
comprendre ce que c'est que de vivre et de pourrir en même temps.
« Connaissez-vous ceux qui, de nos jours, sont
le fer de lance de la profession ? »
« Oui »
« Qu'en pensez-vous ? »
« Eh ! Ils glapissent mujeintement en
octosyllabes flasques »
Expressions feintes d'y avoir compris quelque
chose, mais le mot n'existait pas.
Relecture du pamphlet aux aurores...
Une flamme bleue brûle en moi du feu immortel
de l'inspiration.
Souvent elle m'arrache à la sérénité lugubre du
monde.
Pourtant je la déconseille. Et à genoux prie,
pour respirer, à nouveau.
« Écrire alors, mais qu'est-ce ?
- Tombeau dit-on, testament, homélie,
compilation de sursaut, chaque entrave recyclée. »
De hurlements en scansions fausses, j'ai épuisé
ma mandoline.
Et la foule, unanime, souvent moins par
médiocrité que par goût pour la modération :
« Quelle farce... écrivaillon ! »
La vilaine ambition qui chagrine les parents
qui voudraient pour le môme la quiétude du lac.
Je sonde mon âme.
Cette vibration, c'est devenu mon ouvrage, ce
avec quoi l'on ne rit pas.
Le lieu de l'analyse et de la finesse
nécessaire à l'homme qui, poussé par les circonstances, s'animalise à faire
pâlir.
Il n'a jamais été question, des travaux
pénibles s'affranchir.
Observer pour seule passion, de s'enrichir.
On ne peut être sûr qu'un tel malheur nous
tombe dessus, alors que... Somptueuse beauté tragique ! avant comme après,
contre cent sous de musique, le poème est fait.
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