Monday, September 02, 2019

Traction-brabant 64

La dépendance est à ma mode. C’est super pratique, ce nouveau concept. Surtout pour les autres.
D’emblée, il existe des dépendances infamantes : à l’alcool, au tabac, aux médocs…Dans ce cas là, celle ou celui qui est dépendant n’a plus d’autre justification que de se classer dans un ensemble bien à l’écart pour qu’au moins, il ou elle puisse espérer qu’on lui foute la paix.
Seulement, voilà, dans cette zone de non droit, il y a encore pas mal de personnes, à tel point qu’on se demande si elles ne sont pas plus nombreuses que les gens dits normaux.
A ce propos, les vieux, qui sont des gens normaux, sont devenus eux aussi, suite aux progrès accomplis par le langage, des personnes âgées, puis des personnes dépendantes. Excusez-les d’exister.
Et comme si cela était possible, on trouve pour finir une ribambelle de dépendances moins voyantes, donc mieux faites pour les hypocrites : aux jeux, à Internet, au sexe, au sport, à l’écriture (j’aurai certainement l’occasion de reparler de celle-ci), à la bagnole, à la bouffe, au travail : cette dernière est vraiment magnifique et pas du tout extraordinaire.
Ce faisant, il devient plus facile de comprendre quel intérêt recèle l’idée de la dépendance pour ceux et celles qui la pointent du doigt comme une vilaine maladie honteuse :
Dans le cas du travail et du sport (j’en ai fait l’expérience), l’avantage saute aux yeux : c’est tout de suite moins crevant de n’être pas atteint de ces symptômes.
La preuve en est : on ne parle pas encore de dépendance à la sieste ou aux terrasses, alors que pourtant...
Au milieu de tout ce fatras de paroles - pauvre de moi - j’ai toujours envie de faire le contraire des autres, en rêvant de devenir dépendant à tout, pour ne dépendre de rien.
Que voulez-vous ? Le problème de la vie c’est qu’elle nous rend très accros à elle, alors qu’il vaudrait mieux s’acoquiner avec la mort. Malgré les apparences, on y gagnerait en « naturel ».
En attendant cette issue certaine, moult jolis discours moralisateurs me font espérer avec impatience le jour où l’on pourra dénoncer avec ferveur la dépendance à la connerie. Car chez un nombre important de personnes, cela semble être une seconde nature. Et si à ce jour, aucune dénonciation la concernant n’est parvenue à mes oreilles, c’est peut-être parce que beaucoup d’âmes sentent qu’elles risquent de se retrouver punaisées dans le mauvais ensemble.             

P.M.

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