Il est une règle qui paraît intangible et qui se confirme avec le temps, chez tout amateur de poésie. En fait, je n'ai qu'à me placer dans le miroir des auteurs plus expérimentés que moi - dont le privilège est, le plus souvent, celui de l'âge - pour la découvrir.
Cette règle intangible, est qu'il est difficile d'apprécier, en tant que lecteur, mais aussi en tant que poète (et c'est bien là le problème), des écritures qui sont moins assurées que la sienne, qui sont caractérisées, par exemple, par des fautes d'orthographe, des tournures maladroites, des répétitions, des poncifs.
Quelques personnes pourront s'en défendre. Sauf que les autres, plus nombreuses - je le sais par leurs réactions - reconnaîtront qu'il leur est difficile d'augmenter l'élasticité de leur empathie littéraire, au delà d'un certain point, qui a tendance à se confondre avec leur propre style.
Et déjà, à leur ressemblance, j'ai peur, un jour prochain, à force de lire des quantités de textes, de perdre cet émerveillement naïf pour les poèmes d'adolescence, imparfaits, sincères et inspirés, que souvent je publie.
Car depuis la création de "Traction-brabant", j'ai toujours distingué :
- les poètes dont je savoire l'écriture, sans essayer de me comparer à eux;
- les poètes dont l'écriture est proche de la mienne, avec qui du moins je me sens de connivence;
- les poètes presque débutants, et que je m'efforce d'aiguiller, si nécessaire et dont l'écriture me paraît autant originale que parsemée de défauts.
- les poètes dont je savoire l'écriture, sans essayer de me comparer à eux;
- les poètes dont l'écriture est proche de la mienne, avec qui du moins je me sens de connivence;
- les poètes presque débutants, et que je m'efforce d'aiguiller, si nécessaire et dont l'écriture me paraît autant originale que parsemée de défauts.
Chacune de ses approches n'est pas exclusive de l'autre. Ainsi, je n'attends pas d'un auteur en herbe qu'il soit aussi fortiche qu'une bête de course.
Dès lors, cela m'étonne quand certains poètes adoptent cette impitoyable lucidité qui voit dans le manque de métier, a mort du poète (tout en occultant leurs propres débuts). Comme si je ne distinguais pas ces limites, comme si ces dernières suffisaient à rendre un texte impubliable.
En fin de compte, il y a deux types de poésie :
- l'idéale, faite pour l'éternité, qui peut survivre à son auteur, et qui relève du pur plaisir esthétique et intellectuel : d'ailleurs, quelle est-elle ?
- la vivante, qui est faite par et pour des vivants, dont la valeur est relative, puisqu'elle n'existe que dans un contexte et en un temps donnés.
- l'idéale, faite pour l'éternité, qui peut survivre à son auteur, et qui relève du pur plaisir esthétique et intellectuel : d'ailleurs, quelle est-elle ?
- la vivante, qui est faite par et pour des vivants, dont la valeur est relative, puisqu'elle n'existe que dans un contexte et en un temps donnés.
C'est cette dernière qu'en toute lucidité, je publie dans "Traction-brabant", sans aucun souci de la postérité (encore heureux !).
P.M.
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