Trois ans après la création des micro-éditions du Citron Gare,
il est temps,
à mes yeux, de tirer un premier bilan de cette expérience.
Je n’aborderai pas les aspects
financiers qui ne sont pas ceux à propos desquels il y a le plus à dire. Sur ce
point, pour avoir seulement édité huit recueils à ce jour, l’initiative me
paraît concluante.
Mais plutôt - car le concept de marché est décidément à la mode - je voudrais dire que celui-ci est bien foireux. En effet, il se caractérise avant tout par peu d'offre et beaucoup de demande et ressemble donc au désespérant marché du travail. Quelle mouise alors !
Il est évident qu'avec de telles caractéristiques, la demande en édition ne sera jamais satisfaite. D'ailleurs, de quoi est-elle faite ? Les besoins des auteurs sont-ils pécuniaires ? Pas ici, ces derniers n'étant pas des professionnels de l'écriture, au sens strict du terme. Il s'agit avant tout pour l'auteur de satisfaire une soif d'exister, de clamer son droit à la parole unique. Unique la parole ? Cela reste à voir... Et comment espérer étancher ce besoin ? A y réfléchir, le décalage existant entre l'offre et la demande est encore plus grand que prévu. Car il faudrait un nombre très important d'éditions, pour espérer combler ce déficit vis à vis d'une seule personne.
Plus prosaïquement, ce qu'il ne faut pas dire, et ce que j'affirme, c'est que ce marché s'apparente à un deal de brigands.
En effet, l'offre doit être également caractérisée : en l’occurrence, elle est assurée par un éditeur qui n'est pas non plus un professionnel, et qui aurait lui aussi l'envie d'exister, en tant qu'auteur, par l'édition. Autrement dit, qui se cache derrière l'auteur et son éditeur ? Deux auteurs !
Comme si l'on ne vendait pas de la poésie, mais de la drogue. Comme si l'on était à la fois un dealer et un consommateur. Ou un alcoolique allant de bar en bar payer des coups à un autre alcoolique... cette image résume tout.... Il y a de la vraie passion partagée, là-dedans !
Donc, je ne voudrais pas vous déprimer avec ce constat d'une lucidité implacable, sauf à mettre du plomb dans la cervelle de quelques uns, à la recherche d'ne relation froide, impersonnelle, et s'exerçant comme de bien entendu à leur unique profit. ça ne devrait être jamais ça, l'édition de poésie.
Car les rapports décrits ci-dessus me paraissent être encore les plus féconds. Et tant pis s'il ne réunissent que deux assoiffés d'images car, pour paraphraser Rimbaud, "Et livre soit cette infortune !"
P.M.
Mais plutôt - car le concept de marché est décidément à la mode - je voudrais dire que celui-ci est bien foireux. En effet, il se caractérise avant tout par peu d'offre et beaucoup de demande et ressemble donc au désespérant marché du travail. Quelle mouise alors !
Il est évident qu'avec de telles caractéristiques, la demande en édition ne sera jamais satisfaite. D'ailleurs, de quoi est-elle faite ? Les besoins des auteurs sont-ils pécuniaires ? Pas ici, ces derniers n'étant pas des professionnels de l'écriture, au sens strict du terme. Il s'agit avant tout pour l'auteur de satisfaire une soif d'exister, de clamer son droit à la parole unique. Unique la parole ? Cela reste à voir... Et comment espérer étancher ce besoin ? A y réfléchir, le décalage existant entre l'offre et la demande est encore plus grand que prévu. Car il faudrait un nombre très important d'éditions, pour espérer combler ce déficit vis à vis d'une seule personne.
Plus prosaïquement, ce qu'il ne faut pas dire, et ce que j'affirme, c'est que ce marché s'apparente à un deal de brigands.
En effet, l'offre doit être également caractérisée : en l’occurrence, elle est assurée par un éditeur qui n'est pas non plus un professionnel, et qui aurait lui aussi l'envie d'exister, en tant qu'auteur, par l'édition. Autrement dit, qui se cache derrière l'auteur et son éditeur ? Deux auteurs !
Comme si l'on ne vendait pas de la poésie, mais de la drogue. Comme si l'on était à la fois un dealer et un consommateur. Ou un alcoolique allant de bar en bar payer des coups à un autre alcoolique... cette image résume tout.... Il y a de la vraie passion partagée, là-dedans !
Donc, je ne voudrais pas vous déprimer avec ce constat d'une lucidité implacable, sauf à mettre du plomb dans la cervelle de quelques uns, à la recherche d'ne relation froide, impersonnelle, et s'exerçant comme de bien entendu à leur unique profit. ça ne devrait être jamais ça, l'édition de poésie.
Car les rapports décrits ci-dessus me paraissent être encore les plus féconds. Et tant pis s'il ne réunissent que deux assoiffés d'images car, pour paraphraser Rimbaud, "Et livre soit cette infortune !"
P.M.
1 comment:
J’aime bien l’image des deux alcooliques qui vont de bar en bar, j’ajouterais : en avalant de l’eau car l’eau coule l’œuvre.
Ce qui me désole et m’ écœure dans cet univers, un peu comme dans celui de la politique, c’est cette fausse diversité, cette ouverture bidon, en vérité il ne faut jamais s’éloigner du troupeau, il faut tourner en rond dans le sillon tracé , la liberté consistant de le faire dans le sens des aiguilles d’une montre ou l’inverse. Mais ceux qui veulent marcher en zigzag sont massacrés sous la chape de silence prévue à cet effet.
Fabrice Marzuolo
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