Nous sommes de drôles de poètes. Mais
sommes-nous vraiment des poètes ? Quand on discute entre nous, seconds
couteaux de l’underground, on découvre petit à petit que nous n'avons pas écrit
que des poèmes. Certains sont les auteurs de nouvelles, d'autres avouent même
quelques romans, comme par hasard inédits. Et pourquoi pas des pièces de
théâtre, pendant qu'on y est ! Sans oublier de possibles chroniques,
articles et essais bien tentés.
Me voilà déçu, moi qui croyais que nous étions dévoués à
l'unique cause poétique.
Surtout que nous nous sommes rencontrés sur cette
base-là : celle de la poésie.
C'est comme si, arrivés à minuit, subrepticement, et
quand les regards se détournent, nous nous transformions en des fous
d'écritures, noircissant des pages au kilomètre.
En fin de compte, la forme courte est une belle daube, y
compris pour nous, les amis du lyrisme et des vers.
Ainsi, nous sommes des écrivains – non, pardon, des
écrivants – déguisés en poètes de circonstance. Mais, dans la « vraie
vie », nous nous foutons de la poésie comme de notre première communion.
Nous poussons la chansonnette à Radio-crochet quand nous
rêvons de voir exécutés – enfin… je veux dire : interprétés – nos symphonies
et nos opéras.
Nous formons donc une sacrée bande de faux culs,
puisqu’il est inexact de clamer que la poésie nous fait kiffer. C'est juste un
faire-valoir, un costume de plus que nous enfilons le week-end et les soirs
après l'uniforme du boulot. En dessous se cache encore quelqu'un d'autre.
Bon, faut pas trop noircir le tableau, non plus. Nous
aimons tout de même un peu la poésie. Il faut dire que dans l'ensemble, elle
nous le rend bien. Publications en revues, voire en livres pour certain(e)s
d'entre nous, lectures publiques.
Tandis que les romans, ils ne feraient que nous anonymer
davantage. Pourtant, nous retrouver parmi les cinq cent cinquante romanciers de
la rentrée d'une année n, ne serait-ce
pas notre véritable nirvana ?
Non, décidément, c'est plus rigolo d'être poète
qu'écrivain, ce professionnel de la solitude.
Et puis, dans nos poèmes, parfois nous collons des
romans, mine de rien. Quand je dis que nous sommes de drôles de poètes, c'est
tout à fait ça...
P.M.
P.M.
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