Thursday, June 14, 2018

Traction-brabant 69

Nous sommes de drôles de poètes. Mais sommes-nous vraiment des poètes ? Quand on discute entre nous, seconds couteaux de l’underground, on découvre petit à petit que nous n'avons pas écrit que des poèmes. Certains sont les auteurs de nouvelles, d'autres avouent même quelques romans, comme par hasard inédits. Et pourquoi pas des pièces de théâtre, pendant qu'on y est ! Sans oublier de possibles chroniques, articles et essais bien tentés.
Me voilà déçu, moi qui croyais que nous étions dévoués à l'unique cause poétique.
Surtout que nous nous sommes rencontrés sur cette base-là : celle de la poésie.
C'est comme si, arrivés à minuit, subrepticement, et quand les regards se détournent, nous nous transformions en des fous d'écritures, noircissant des pages au kilomètre.
En fin de compte, la forme courte est une belle daube, y compris pour nous, les amis du lyrisme et des vers.
Ainsi, nous sommes des écrivains – non, pardon, des écrivants – déguisés en poètes de circonstance. Mais, dans la « vraie vie », nous nous foutons de la poésie comme de notre première communion.
Nous poussons la chansonnette à Radio-crochet quand nous rêvons de voir exécutés – enfin… je veux dire : interprétés – nos symphonies et nos opéras.
Nous formons donc une sacrée bande de faux culs, puisqu’il est inexact de clamer que la poésie nous fait kiffer. C'est juste un faire-valoir, un costume de plus que nous enfilons le week-end et les soirs après l'uniforme du boulot. En dessous se cache encore quelqu'un d'autre.
Bon, faut pas trop noircir le tableau, non plus. Nous aimons tout de même un peu la poésie. Il faut dire que dans l'ensemble, elle nous le rend bien. Publications en revues, voire en livres pour certain(e)s d'entre nous, lectures publiques.
Tandis que les romans, ils ne feraient que nous anonymer davantage. Pourtant, nous retrouver parmi les cinq cent cinquante romanciers de la rentrée d'une  année n, ne serait-ce pas notre véritable nirvana ?
Non, décidément, c'est plus rigolo d'être poète qu'écrivain, ce professionnel de la solitude.
Et puis, dans nos poèmes, parfois nous collons des romans, mine de rien. Quand je dis que nous sommes de drôles de poètes, c'est tout à fait ça...
P.M.

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C'est la fin de Traction-brabant

Tout est expliqué dans le document ci-après (cliquer sur l'image pour davantage de lisibilité) :