Il y a ce chien, le
soir, qui fait savoir à tout le quartier qu’on le torture.
Il y a ces chats, la nuit, qui s’arrachent les yeux par amour (pas
toujours).
Et début septembre, la foudre est tombée sur l’orphelin du premier rang –
muet depuis ; et hier, une naissance heureuse.
Et la semaine dernière, au bout d’une très longue agonie, la mort de cette
jeune femme silencieuse : ta sœur.
Et maintenant il y a ce gosse, cet adorable sale gosse, cette boucle brune
sur mon épaule, qui préfère traîner et picoler que d’aller à l’école.
Et maintenant il pleut.
On se ressemble comme deux gouttes d'eau. Il a renié sa famille. J'avais
fait la même chose à son âge.
Ses tibias sont couverts de plaies. Grosses mains d'homme déjà de
paysan-mécanicien. Ongles noirs rongés jusqu’au sang. Il me regarde sortir du
collège et traverser la rue de ses grands yeux bleus battus – longs cils, un
peu d’acné sur sa face de veau kamikaze. Air craintif, très doux. Une taille de
mi-lourd, à quatorze ans.
Son pouvoir de destruction, qu’en fera-t-il ? Avec son scooter installé en plein milieu du carrefour, quelle
route choisira-t-il ? Contre quel mur blindé son fleuve personnel ira-t-il se
jeter ?... – Pour le moment, casque rouge de « chevalier » à la main, short
long, blouson Suzuki, Kévin attend sa dulcinée. Il fume un pétard, tranquille,
sous la pluie.
1 comment:
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