Monday, July 21, 2014

Traction-brabant 70

C'est pas qu'on s'ennuie ici, les nanas mecs et on s'amuse même un max avec vous. Hélas, voici venu pour moi le moment de vous dire adieu. J'en ai trop marre des publications confidentielles qui se font avec d'autres copains mal rasés, entre deux pintes de bière. Moi, j'ai besoin du grand frisson, de la big classe, parisienne si possible. Je veux être publié par quelqu'un de digne : un machin tout ce qu'il y a de plus officiel, avec des responsables couronnés et galonnés, un site nickel chrome et discret, en noir et blanc avec de vrais têtes d'(h)auteurs dedans (polos gueules grises), paniers d'achat en douce, tirages d'exception, chroniques en VIP que dans les revues qui comptent aujourd'hui en France, vraies performances que dans les vrais lieux où ça se voit la Culture avec un grand C. Université minimum.
Mon envoi est prêt à être posté. A compter de ce jour, vous me reverrez plus... Marre de rigoler. Après vingt ans de bons et loyaux services, faut savoir penser à sa carrière.
Quand soudain... l'idée saugrenue me prend d'obéir aux recommandations des éditeurs que je convoite : lire ce qu’ils publient avant de m'adresser à eux. Je me rends donc face à leur devanture Internet, et voilà ce que j'y découvre : sans surprise, quelques extraits de poèmes du dernier recueil sorti :
« L’idéal est un chiffre
les courbes se diriment
dans un dire               ultime
c'est un nuage                                   qui flotte
une pluie        ici        qui impacte
                                               les alvéoles de l'être
l'air est dans la peau
peau                le miasme effleuré
sans visage                                        dans une trachée
                                    à la seconde
tremble sur la matière                      trouble
Je suis                                    celui qui voit
rien     qui là                                      dans l'anfractuosité
habite le cercle          de notre déchaînement (etc)"
Putain ! Que c'est beau ! Non, eh ben finalement, après réflexion, je crois que je pourrai jamais faire le malin, faute d’écrire quelque chose d'aussi balèze, à moins d'avoir un pistolet braqué sur la tempe. Je range donc mon enveloppe dans ma bibliothèque. Et pis j'oublie un peu tout ça, bouquins et discours vernis. Je reviens déconner avec vous, dans notre coin-coin. Promis juré, cette fois-ci, jusqu'à la mort.  
P.M.

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