Thursday, February 18, 2016

D'Estelle Gillard (extrait de T-B 72)

Ici la cité-dortoir, des bâtiments presque en ruines, des pelouses délabrées.
Derrière chaque fenêtre un rêve d'abondance frappe ici les hommes telle une malédiction biblique.

« Ne pense pas, ne pense pas aux livres, à ceux que tu as lus, à ceux que tu envisages de lire ; ici pas de Malthus ou de Keynes ;
ici tu es la somme des particules du bétail humain ; ici, tu n'es pas. Je te le répète, tu n'es pas », - continua-t-il tandis que nous déambulions dans la puanteur des couloirs,
« Je viens souvent, dès que le temps me le permet, sais-tu pourquoi ? Parce qu'il existe ici une terre très ancienne et neuve à fouler, une île où poser le pied, parce qu'ici, se cristallise, et se structure le désir exaltant et sublime de l'insurrection totale ».
« Je te raccompagne », ajouta-t-il en regardant sa montre ; « j'ai rendez-vous avec un étudiant pour peaufiner sa thèse de doctorat sur Bernanos et le roman de la lutte. Je te dépose en voiture. Allons-y ».

De nouveau il avait accommodé l'histoire à sa sauce. C'en était fini. La  revolución était terminée.

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