Il faut être
vraiment cinglé pour parler de choses sérieuses ! Et qui plus est, en
public !
Imaginez la
scène. Ce mec-là débarqué de je ne sais quelle galère, dans ce restaurant en
plein crépuscule, parlait à haute et très intelligible voix des primaires des
présidentielles, du terrorisme ambiant, des prises de position de telle ou
telle personnalité politique, de l’individualisme des français d'aujourd'hui
(tu parles, Charles, on n'a pas envie d'être dérangés dans nos habitudes,
nous). Tout du bonhomme déprimant ! À l'écouter, pas une seule chose
n'allait.
Bon, il
déblatérait aussi sur des histoires de flics et de traversée de frontières
difficile. C'est incroyable comme dans les péripéties des fous et des
alcooliques (des fous aussi), il peut y avoir plein de bastons, voire de coups
de matraques qui s'abattent sur les têtes !
Bizarrement, la
frontière n'avait pas eu l'air d'être imperméable pour notre bonimenteur qui
avait pu, malgré tout, passer d'Allemagne ou du Luxembourg à la France, avec
juste pas mal d'égratignures à l'âme.
Bref, ce mec-là
était bon à enfermer.
Sauf qu'en
l'espace d'un quart d'heure, je l'entendis parler d'Erich Honecker et de la
pièce de théâtre d'Eugène Ionesco, « Le rhinocéros ».
« Vous
n'êtes que des rhinocéros ! », clama-t-il pour conclure de façon
péremptoire son spectacle gratos, devant nos yeux rassurés par sa sortie de
scène.
Cependant, je
réfléchissais. Qui, en 2017, connaît encore Erich Honecker et « Le
rhinocéros » d'Eugène Ionesco ?
Franchement, pas
beaucoup d’âmes. Et d'ailleurs, tout le monde s'en tape. Quand j'observe les
personnes sensées et intégrées qui m'entourent, à dire vrai, on n'est pas aussi
sinistres et dépréciatifs que ça. On est surtout informés sur le temps qu'il
fait dans la semaine, sur les promos chez Lidl, ou bien sur la recette de la
tarte Tatin.
Non, mais
franchement, on n'a pas idée ! En 2017, il faut être aliéné pour se permettre
de développer des théories politiques et de s'occuper d'absurde !
Que Dieu nous
préserve de finir aussi mal que de tels personnages négligés, rencontrés au fil
des rues, quand on ne file pas assez vite, avec toute cette folie
ramassée comme un venin qui ne songe qu'à être craché sur des gens aussi
dignes que nous le sommes en toutes circonstances !
P.M.
P.M.
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