Friday, September 29, 2006

Traction-brabant 74

Le lieu d'écriture est une question éminemment romantique qui revêt beaucoup d'importance pour celles et ceux... qui n'écrivent pas ! Comme si le lieu devait refléter le caractère extra-ordinaire de ce qui est écrit, s'agissant de fictions (romanesques ou poétiques) : textes constitués de raison, mais surtout d'inventions auxquelles il paraît logique que corresponde un lieu de rêve : paysage de montagne ou de mer, forestier, haut-lieu historique, etc.
Bien entendu, chaque scribouilleur a ses petites manies qui lui permettent d'élire un endroit de prédilection pour y exercer son art.
Ainsi, les exemples sont légion d'écrivains ne pouvant écrire que dans des cafés (le dernier en date, à ma connaissance, est Ismail Kadaré). Cela paraît contradictoire en apparence, car il y fait du bruit, ce qui devrait gêner la concentration. En même temps, ce choix est porteur : on peut parler dans un café. C'est un lieu de vie que l'écrivain capte dans ses textes.
Mais il n'y a pas que les cafés pour inspirer. Je suis aux regrets de vous annoncer que n'importe quel endroit convient, pour peu que l'on ait envie de s'y mettre. Patatras ! Le romantisme de l'inspiration en prend un bon coup dans l'aile. Il n'y a pas de légende, pas de truc.
Écrire, c'est n'importe où, même dans les endroits moches comme c'est pas permis. Et pourquoi ? Parce que l'on n'écrit que ce que l'on a dans sa tête, qui n'a souvent aucun rapport avec ce qui se passe à l'extérieur.
Vous voulez des confidences ? Les poèmes de « Faux partir », je les ai composés dans un appartement situé en plein centre-ville de banlieue, au-dessus des feux qui bordent la Nationale 3 à Livry-Gargan (Seine Saint-Denis). Un endroit plutôt bruyant. Il est vrai que l'ambiance de « Faux partir » tire sur le cauchemar. Quant aux proses que j'ai écrites sur la course à pied (qui se déroulent dans des lieux de nature), il en est à peu près de même. C'était toujours face à un mur, avec comme seule courte vue, le tronçon de la cheminée d'une tuilerie à Nancy. Rien à voir avec la plupart des endroits bucoliques décrits, situés à des kilomètres de là.
Plus que d'espace, j'ai besoin de temps pour me détacher des paysages dont il est question dans mes textes. Peut-être qu'un jour, face à un panorama de rêve, je serais tenté de délirer sur une cheminée d'usine.
L'esprit de contradiction encore et toujours, c'est ça et rien d'autre qui est important pour l'écriture !                                                                    

P.M. 

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