En termes d’évasion, on ne célèbre que les voyages ou
l’immobilité. D’ailleurs, l’aventure est le plus souvent payée cher aux agences
touristiques. Des vols aux pays où ça dépayse absolument, pas chez nous,
jamais. Ou bien, c’est l’inverse exact. On ne bouge pas. C’est l’ici, toujours
et encore, jusqu’à la nuit des temps. Le futur qui aime bien ressembler au
passé, dans son unification coutumière.
De la sagesse du poète à la folie de l’aventurier, qui
des fois, d’ailleurs, adorent se confondre l’un l’autre. Mais lequel de ces
deux personnages de cinoche est le vrai ? Peut-être aucun et c’est bien ça
le problème, pour moi.
C’est
pourquoi j’ai envie de célébrer autre chose de moins romantique. Ce que vivent par
obligation pas mal de personnes. Ni dans leur maison ni hors de leur pays. Mais
sur toutes les routes ou gares de France (vous pouvez remplacer ce mot par un
autre, ça revient au même).
Oui,
les aires d’autoroute sont moches. Et les gens qui s’y arrêtent, mes
semblables, mes frères, tout aussi moches. Et aussi, les halls de gares, sacs à
courants d’air et à bousculades. Rassemblement de gens pressés, qui veulent
être partout, sauf là.
C’est
bien pour ça qu’à ce propos, il est impossible de parler de voyages. Il n’y a
pas de tourisme, pas de vraie rupture avec le quotidien, non plus. Il n’y a pas
davantage de repli sur soi dans une plus confortable tranquillité.
Le
contrecœur est toujours un cœur, sauf qu’il est plus gros et plus dur. Hélas,
tout ça suit trop bien le courant pour être digne d’être remarqué. Pourtant, il
y a ces restaurants de passage, ces gites d’étape dans lesquels la peinture
s’écaille presque discrètement des murs. Ces villes de province traversées où
ne vivent plus que des vieux. Ces enseignes qui clignotent avec irrégularité,
déjà plus qu’à moitié condamnées.
Puis,
à l’opposé, dans les mégapoles, ces gens qui proposent leur commerce à même la
rue. Pas que de la drogue, non. Ces zones de danger qui font prendre tout le
risque aux voitures contre les piétons.
Eh
bien moi, malgré l’apparence, j’aime bien vivre des étapes dans des endroits où
suinte la tristesse ou la hâte. Et comme toutes les étapes se ressemblent, cela
devient presque une vie entière, au pays des tiers mondes que l’on devine, rien
qu’à leurs regards perdus.
Mobile
et immobile à la fois…Plus vrai et plus précieux, car pas le choix…
P.M.
1 comment:
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