Le banc manchot attend
son heure.
Sonneur de fer
Rouillé, même jusqu’au
sol
Tremblant de froid,
d’horreur
Il s’agite comme une
statue
Pétrifiée, animé comme
la pierre
Le banc manchot pleure,
il pleure sans être vu.
Le banc manchot attend
son heure
Seul dans son parc, sa
gare
Sa rue fuie par le tous
Seul comme une barque à
la lisière de rien
Seulement inerte
Coupable d’être ancien
Les yeux ouverts sur
son passé
Béants, béat
Il ne voit plus à
l’avenir
Le banc manchot attend
son heure
Montre à la main
Il attend dans son
parc, un ballon
Il attend dans sa gare
un train
Il attend dans la rue
les poux
Il attend…
Mais se demande vers où
Il regarde
Mais ne voit plus
d’avenir
Le banc manchot attend
son heure
Sale temps qui marque
« retard »
Chahut faisant la moue
Seules traces du temps
passé de fiers vauriens
Salement en perte
Il s’accable, se
contient
La bouche ouverte, en
fait cassée
Céans, les rats
Sont morts d’ennui dans
le navire
Le banc manchot attend
son heure
Compte les refrains
Il attend dans son parc
une chanson
Il attend dans sa gare,
chagrins
Il attend dans sa rue
un trou
Il demande…
La fin d’une vie, c’est
tout
Il s’égare
Dans l’éternel à venir
Le banc manchot appelle
son heure
Son heure laisse faire.
Mouillé, il se cajole
Pensant à toutes ces
fleurs
Déposées sur une pierre
nue
Au centre d’un petit
cimetière
Tout au fond d’une
décharge sans odeurs.
Seul, le banc manchot
pleure
Dans son parc, dans sa
gare, dans la rue
Seul, il pleure sans
être vu.
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