L'enfer
c'est le désert des déserts
cinquante
jours par 45 degrés dans le Majâbat al-Koubrâ
sept
chameaux squelettiques
le
huitième s'est enfui
avec
le dernier bidon d'eau
les
djinns mangent l'ombre
on
devient fou
C'est
un homme seul
enfermé
dans son deux pièces
paranoïa
virtuelle et pornographie
obnubilé
par le mal
il
complote contre lui-même
héautontimorouménos
C'est
un enfant à bout de force
englouti
par la Méditerranée
damné
anonyme
entre
ses mains éternellement coule
la
sépulture des vagues
C'est
un trottoir glacial
dur
comme un os
une
corde à trois nœuds dans le ventre
bientôt
la mère s'y pendra
C'est
une mémoire à vau-l'eau
le
paradis perdu
se
délitant en volutes
La
lutte vaine
les
cernes du silence
C'est
l'amour
quand
il n'y a plus rien à dire
une
page qu'on arrache
L'enfer
c'est une prison
au
milieu de nulle part
les
geôliers condamnent un père
à
voir mourir ses fils
C'est
un port rouillé
où
mouille le bateau ivre
la
gueule de bois des mauvais jours
retour
impossible
après
le voyage de trop
L'enfer c'est une terre
privée de ses fruits
un arbre en exil
dans la grisaille d'avril
matière étrangère
vouée au vent du Nord
C'est un mot
coincé dans la glotte
une bouche close
que l'on n'ose pas ouvrir
par peur que les censeurs
la referment aussitôt
langue morte
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