Il y a la plupart
des personnes, les vrais sages, qui ne recherchent pas de reconnaissance
sociale au-delà de leur famille et de quelques amis.
Il y a les trous du
cul (hommes politiques, footballeurs, et autres stars) qui veulent argent et
pouvoir. Ça permet de vivre largement, et même si c’est du toc, voilà au moins du
tangible. Pourvu que ça dure pour eux !
Et puis, il y a les
(h)auteurs, et tout particulièrement ceux de la famille poétique, sorte de
troisième sexe porteur de constats sidérants. Car, à la fin comme au début de
leur histoire, leur seule héroïne sera la solitude.
En effet, celles et
ceux-là se battent pour être les premiers de cordées de 0 et des poussières
d’un chiffre d’affaires de 7,3 millions d’euros, qui représente 0,3% des
exemplaires de livres vendus (en 2013, source Challenges), en comptant la
poésie avec le théâtre et, par la même occasion, les poètes morts depuis 600
ans.
Ah, sûr que ça vaut
le coup d’écraser les copains de son indifférence ! Bon d’accord, il y a
pas que l’argent. Il y a aussi la reconnaissance sociale. Mais justement, ça
tombe bien, elle existe pas, au-delà de ce qu’elle rapporterait si l’on jouait à
la baballe dans le club de foot local. Donc, on pourrait croire qu’ils vont
laisser tomber la partie, les poètes. Eh ben non ! Contre toute logique,
ils préfèrent continuer à croire en la puissance de portée de leur ego, sans
d’ailleurs remuer un coin de paupière, pour les meilleurs d’entre eux, afin d’assurer
la diffusion de leurs textes, qui passent donc totalement inaperçus, comme
s’ils n’avaient jamais été publiés ! Mais ça ne fait rien. À leurs yeux, leur
égo triomphera de toutes les difficultés, grâce à cette arme de destruction
massive de la réalité, alimentant le mythe de la célébrité instantanée : leur
nom sur la couverture d’un bouquin.
Et si par aventure, on
pousse la curiosité jusqu’à en ouvrir les pages, on y lira un ensemble de mots
inintelligibles, dont le seul intérêt, invisible d’emblée, est d’être les
leurs. Ivresse solitaire qui fonctionne toujours, les (h)auteurs n’ayant pas
besoin d’un casque pour écouter leur rengaine en stéréo. Ils se regardent dans
un miroir et n’y découvrent pas même un Narcisse trop beau. Ils ne voient que
des pages dégageant des hologrammes en relief de leurs mots. Et au milieu du
silence des autres, ça fait un boucan d’enfer ! Essayez de leur dire que
c’est du pipeau, ils vous haïront ! Bande d’cons, va ! Ou alors, c’est
qu’ils s’ennuient vraiment dans la vie !
P.M.
No comments:
Post a Comment