Désolé les
puristes ! Une revue de poésie qui se créé ressemble à un bistrot qui ouvre.
Et le monde de la poésie est si petit qu’une revue qui se créé ressemble à un
bistrot qui ouvre dans une même ville.
Au début, tout le
monde est curieux. Il s’agit de la période test. On vient voir si le patron, il
est gentil. Au besoin, pour les poètes, c’est pas plus mal s’il l’est un peu
trop. Les clients se pressent. Les bons et le mauvais. Tous les patrons de
bistrot vous le diront : un bon client, c’est quelqu’un de discret, qui
vient tous les jours à heure fixe, s’enfile trois whiskies en dix minutes et
paye rubis sur ongle sa consommation avant de s’éclipser. Un mauvais client, c’est
celui qui vous laisse une ardoise longue comme un rouleau de papier-toilette (« tu
me mets ça sur mon compte » : il a bon dos, le compte !) et qui,
en plus, casse les pieds à toute la galerie en donnant son avis sur tout, parce
que lui, bien sûr, il a tout compris alors que les autres, non. J’en sais
quelque chose, la poésie, je la consomme aussi !
Eh bien, ces
mauvais clients, ils ne nous font pas pleurer quand ils disparaissent ! Heureusement,
ça dure jamais très longtemps ! Au bout de quelques mois de
fonctionnement, le patron, qui voudrait avoir un peu la paix et ne pas perdre
sa clientèle, est obligé de prendre les choses à bras le corps : ainsi, le
mauvais coucheur se retrouve jeté dehors manu militari.
En poésie, on est
évidemment beaucoup moins des sauvages. Il n’empêche que ça revient à
l’identique. Et comme la nature fait bien les choses, la chance veut que l’emmerdeur
en poésie, tel l’emmerdeur alcoolique, se conduit pareil dans les autres
échoppes. Du coup, tous les patrons de bistrots de la place le repèrent vite.
Et nous, les patrons de bistrot, euh, non, les revuistes, sans avoir étudié
pendant dix ans la psychologie, on sait reconnaître tout de suite, les yeux
fermés, les quelques cas graves. De toute façon, on sait qu’on parle tous des
mêmes zozos.
Vous savez :
notre monde est si minuscule ! Et dire que l’on recherche juste la
tranquillité. La paix des ménages, et surtout du nôtre, si vous voulez mieux !
Pas de fouille-merdes dans notre périmètre, pour que notre mission s’accomplisse
dans la meilleure ambiance possible, sans pour autant donner dans la langue de
bois.
Les revues de
poésie, c’est comme les bistrots. D’ailleurs, on a aussi l’impression qu’elles naissent
plusieurs fois. Faut faire le vide à l’intérieur, de temps en temps !
P.M.
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