Friday, March 03, 2006

Incipits finissants (89)

Avec l’épidémie, il faut changer nos habitudes du tout au tout. Limiter l’activité de nos entreprises, restreindre au maximum les contacts sociaux, éviter les réunions familiales, Enfin, bref, ça s’appelle confinement et notre vie en est bouleversée pour une durée indéterminée. Et c’est vrai aussi pour les poètes, n’est-ce pas ?

Enfin, c’est vrai que… comment dire…les poètes ne sont peut-être pas les personnes les plus concernées par ces mesures exceptionnelles d’urgence. Du moins, les vrais poètes. Regardez, moi, je suis un vrai poète, et donc je travaille pas. Je suis un vrai poète et donc, j’ai pas de famille ni d’amis. Je suis un vrai poète et donc, je sors pas.

Interdire au poète toute vie sociale, c’est le laisser un peu plus peinard que d’habitude dans son coin. En résumé, quand c’est pas la fête pour les autres, c’est la routine pour le poète, comme quand c’est la réussite pour les autres, c’est la prise de tête pour le poète. Voilà une psychologie très simple à comprendre.

En fin de compte, pour le vrai poète, le confinement est toujours la règle.

Y a pas de quoi non plus s’affoler si c’est la guerre. C’est tout le temps la guerre pour le poète. C’est bien pour cette raison que ce dernier n’est célébré qu’en temps de guerre. Le poète est un guerrier, même si ça se voit pas vraiment. Euh non… il s’agit plutôt d’un résistant, c’est plus élégant !

Quant à la sociologie économique du poète, il faut bien que ce dernier s’adapte au chiffre d’affaires qu’il dégage. Soit 0,5% de vente de livres. Ça fait pas des masses. Du coup, empêcher les regroupements et les manifestations de poètes, voilà quelque chose de difficile à réussir. Faudra songer à interdire toute réunion à partir de deux personnes, du coup ?

S’agissant des entreprises poétiques, y a pas de quoi non plus s’effrayer. J’en profite d’ailleurs pour vous l’annoncer : en ces temps difficiles, ni « Traction-brabant », ni le « Citron Gare », ne vont fermer leurs magasins, vu qu’ils n’ont jamais ouvert.

Une seule concession à l’air vicié du temps : je compte clore la porte du siège social des éditions du Citron Gare au plus fort de l’épidémie. Cela vous parait-il plus sage ? Pas sûr, finalement, vu que le moment est tout trouvé pour que s’achètent des livres de poésie. Vous en faites pas : les plus opportunistes d’entre nous y ont déjà pensé ! Ah ! Le p’tit commerce : y a que ça de vrai !

P.M.

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