Saturday, October 18, 2008

De Chiara Pastorini (extrait de T-B 90)

Poussin

 

Il était à peine reconnaissable ce petit poussin
que tu m’as montré la voix cassée cette fin d’après-midi.
 
Dans un seau jaune
on le distinguait seulement parce que
quelques poils noirs se détachaient de son ventre rond
telles les graines fibreuses d’un arbre de la soie
qui aurait pourri dans l’eau.
 
La peau froide et raide
comme la pluie tombée plus tôt
le bec entrebâillé comme un V
et les yeux des virgules sombres
entre les points de suspension de ton regard.
 
Né vingt-quatre heures plus tôt
il n’aurait pas été aussi fragile
pour cette première journée
des saints des glaces
et toi tu n’aurais pas connu
l’impuissance
devant ce qui n’est plus.
 
Je n’oublierai jamais tes yeux
remplis d’une foi
qui coulait entre un sanglot et l’autre
dans la rivière de l’existence.

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