Tuesday, July 16, 2013

De Martin Zeugma (extrait de T-B 92)

Morphologie de la décrépitude

 2 – La sérotonine

je vois mes veines au travers de ma peau je vois tout ce qui se passe quand il ne se passe rien quelle chimère quel prodige quel chaos mais qui suis-je la peau est une barrière magnifique qui cache la bile le liquide cérébrospinal la lymphe le suc pancréatique la synovie le sang la sueur les chassies (l'omelette) et qui permet de croire à l'amour et qui permet d'inventer Dieu sous un scalpel il n'y a que du jambon des rillettes et des tripes en sauce je remplis des verres je remplis des heures des cendriers pleins de mégots des poumons pleins de monoxyde de carbone des calendriers pleins de croix mais tout est toujours vide je suis un être de tryptophane (l'omelette) qui décide de ce qui est bien de ce qui est mal ou ni l'un ni l'autre qu'est-ce qu'un bon choix y en a-t-il de condamnables de respectables quelqu'un a-t-il déjà trouvé une porte de sortie à cette familiarité de tous les jours et qui suis-je et serais-je le même un bras en moins serais-je le même si mes yeux étaient plus clairs si ma peau l'était aussi serais-je le même si j'étais né à Hitiaa O Te Ra à Oulan Bator ou à Kensington (l'omelette) ce que la bouche appelle oubli le corps l'appelle mémoire on fait la bouffe on bat les œufs l'univers a quinze milliards d'années on met du poivre et des oignons et parfois quelques herbes dans l'omelette l'univers en a encore pour dix milliards d'années et dans tout ça et dans tout ça où est-ce que je range est-ce que je range ton sourire et tes yeux bleus et les draps froissés de toi (mon cerveau est un ciel biscuité)

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Incipits finissants (67)

On avait bien dit : plus jamais ça. Plus jamais ça, mais quoi ? C’est ce fantôme de l’autoritarisme, qui est de moins en moins un fantôme ...