Je sais pas si vous l’avez remarqué, depuis le temps
que l’on s’échine à être édité : pour les vedettes du show-biz
(politicards, footballeux, footballeuses, chanteuses, chanteurs, actrices,
acteurs), la publication d’un livre constitue aussi le nec plus ultra,
l’aboutissement d’une vie de succès, leur autobiographique leçon de sagesse,
voire de morale, délivrée à pas mal de groupies. Ouah ! Vous vous rendez
compte ! Elles, les stars des médias, et nous, les grouillots des fonds de
tiroir, tombons d’accord : c’est bien ce que nous disions : être
publié est ce qu’il y a de plus important dans une vie : laisser traîner
sa trace dans un objet unique, même reproduit à des milliers
d’exemplaires : conclure son existence en la cristallisant avec
force !
J’irai même jusqu’à inférer que nous sommes plus
malins que les ci-devant people : à dix-huit ans, avant d’aborder la vie
active, on se doutait déjà de cette vérité. Les célébrités sont trop bêtes de
s’y prendre aussi tard. Il faut pourtant reconnaître que, contrairement à nous,
elles avaient mieux à faire avant pour briller plus. Du coup, faudrait sans
doute qu’on les admire, au motif que les VIP se retiennent durant de longues
années d’écrire, alors que c’était leur vœu le plus cher. Mais vous croyez
vraiment que là était leur motivation ?
L’admirable légende se dégonfle sitôt que nous découvrons leurs œuvres. L’impression que donne la lecture de ces nombreux tomes est que les platitudes s’y succèdent comme au fil d’une armée de gros soldats de plomb.
Pourquoi ces bouquins ont-ils donc été écrits ? Ne soyons pas naïfs ! Pour faire le buzz pardi ! Pour profiter d’une gloire passagère ou enrayer un déclin télévisuel. Afin de booster une image en perte de vitesse, et donc les ventes de produits dérivés de leurs tronches, y compris quand c’est nul à l’intérieur. D’ailleurs, quelqu’un d’autre les a rédigés à leur place, ces opus.
À l’arrivée, il y a autant de différences entre une star et un poète qu’entre un cercle et un carré. Hélas, les peoples se servent du cercle (des poètes disparus ?) pour nous rouler dans la farine. Et nous, les poètes aux roues carrées, contre toute attente, peut-être avons-nous raison de vouloir écrire l’œuvre de toute une vie. Bien que l’on s’y reprenne à plusieurs fois et que peu de monde ne la lise au final.
Malgré tout, qui sait si notre volume ne parviendra pas à avoir une vraie consistance, lui ?
P.M.
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