Je ne sais pas si vous l'avez remarqué. "Traction-brabant » a fêté ses vingt ans. Non, bien sûr, vous
n’y avez pas prêté attention, car T-B est allé trop vite. Ce qui tombe à pic,
d’ailleurs, c’est que ce poézine a le même âge que les radars. Vous me
répondrez : logique ! En effet, Le véhicule de la
« Traction-brabant », tout démodé qu’il est, a transporté pas mal de
monde. Il est possible même qu’il se soit fait flasher par plusieurs de ces
boites à flash au cours de ses pérégrinations, et pour cela, faudra peut-être
rendre des comptes. Quand les limites autorisées sont dépassées, on n’est pas
trop pris au sérieux, en littérature y compris. Faute d’avoir longuement
réfléchi, comme tout intellectuel respectable, le risque devient énorme de se
planter et d’être une victime toute trouvée du mauvais goût.
Mais comment faire sinon ? Il y a tellement de textes à publier. Il y
a tellement d’auteurs ! La production de contraventions automatisées
constituerait certainement une bonne solution pour les ralentir ! Faute de
quoi, sans ces mesures drastiques, les poètes continueront à kiffer la rapidité
de la répétition, ne leur en déplaise.
Du coup, moi qui déteste les radars, j’en salue l’importance. Car bon sang,
ils assurent, étant partout, y compris où on les attend pas. Osons
l’affirmer : « de manière très générale », nos comportements se
sont modifiés grâce à eux. Pour une fois, quelque chose a matché. Rien de tel
pour guérir que de taper dans le porte-monnaie des gens. Et puis, les radars,
ça nous rassemble, poètes ou non. En voilà un truc qui plaît :
sophistiqué, fonctionnant sans intervention humaine, donc robotique avec éclat.
Dans le regard vitreux de ces jolies boites, toute notre civilisation
défile : en particulier ce que l’on ne veut pas voir. Toujours la vitesse,
pour aller de l’avant jusqu’au fossé. Plus tous ces trucs qui ne servent à rien
et qu’on trimballe pourtant dans nos coffres ! Vides à l’aller, pleins au
retour ou vice-versa. Sans compter tant d’autres nouvelles technologies
desquelles on s’éprend.
Bref, je vous laisse à présent développer ce thème très riche qui nous
changera des sujets poétiques habituels, comme le printemps ou le temps qui
passe.
À vous la parole ! P.M.
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