Le
voyage
J'ai traversé de larges
collines sans ressorts.
Grelotté sous des étoiles
rouges empalées dans le ciel.
Une saignée de vent a fait
trembler mon front
J'ai salivé le père, la
mère, l'enfant que je n'ai jamais eu.
Sous des terres très
lointaines, j'ai fondu.
Épinglée au vent, vidée de
mes écailles noires
J'ai trempé mes seuls yeux
dans l’Iphigénie pâle
exsangue comme un œil de
vipère attardée
J'ai croisé l'aurore molle
avec ses doigts de raie
avec ses doigts qui
glissent et qui râpent l'horizon
Avec ses doigts criblés de
lucioles pendantes comme des képis sur les têtes gourdes des petits soldats
blonds
Avec ses chapeaux
grimaçants accrochés à toutes ses mains, à toutes ses jambes, comme des grappes
pourries sur les raideurs du monde.
Je n'ai rien vu de ce
qu'on m'avait promis. Rien. Il n'y a rien. Rien à dire. Les verbes sont trop
verts
Et l'homme éventré a fini
par se taire.
Moi, j'ai rattrapé mes
pieds qui couraient comme des puces affolées après des pantins morts
J'ai fracassé mon ombre et
tous mes désespoirs contre les grands carillons noirs des falaises éternelles
Il n'y a rien. Rien à
dire.
Rien pour vomir mon ciel
crevé que les boursouflures fades et les verbes malades d'un monde épouvanté.
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